10/12 ▒ GYMNASTIQUE ▒ Tenir tête aux préjugés homophobes...
Aubin Sallé est l’un des rares garçons à pratiquer un sport estampillé "féminin".
La gymnastique rythmique.
Un sport qui lui impose de surmonter les préjugés.
"Je ne suis pas homosexuel. Je me bats contre les préjugés. Mais, on vous colle vite une étiquette".
Dans une discipline à 99% féminine, être un garçon, participer aux mêmes compétitions avec des règles identiques, utiliser le même matériel, figurer sans distinction de sexe au classement, a de quoi surprendre.
Et pourtant.
Le week-end dernier, à l’occasion des Championnats individuels du Grand Est, deux gymnastes masculins ont concouru au milieu des filles.
L'un d'eux était Aubin Sallé, qui s’est imposé en 21 ans et +.
Pour lui, c’est une nouvelle carrière qui débute.
Revenu dans les Ardennes il y a quelques années, il a trouvé sa voie dans la gymnastique rythmique.
"Je m’y suis toujours intéressé. J’ai des cousines qui pratiquaient dans un très bon club en Moselle et on allait parfois les encourager. Et puis, quand on se retrouvait en famille, on se challengeait. C’était amusant".
Arrivé à Sedan, dans les Ardennes, Aubin Sallé fait la connaissance d’Émeline Ben Bouazza, coach du groupe rythmique.
Il décide de se lancer.
Il rencontre Garance et forme un duo avec certains succès.
"On a remporté les interdépartementaux, flirté avec le podium Grand Est".
Ensuite, Émeline Ben Bouazza encourage Aubin Sallé à s’engager en individuel.
Engagé en catégorie Régionale, il ne pouvait pas espérer se qualifier en Championnat de France.
Mais, il espère passer en Nationale la saison prochaine.
"Pourquoi pas ? La gymnastique n’est pas interdite aux hommes. Ce sont juste les règles qui sont restrictives. On peut aller au Championnat de France, mais pas à l’international".
Ceci dit, Aubin Sallé n'est pas sourd aux commentaires et aux critiques.
"Pour un garçon, faire de la gymnastique rythmique, ça fait parler. Les gens se demandent pourquoi je suis passé en rythmique. C’est un univers qui est encore très fermé. Presque hermétique. Je pense même que certains juges doivent être gênés, perturbés pour me noter".
Et les stéréotypes sexuels s'ajoutent aux difficultés.
Aubin Sallé se revendique "hétérosexuel".
Et il se bat pour combattre les préjugés qui ont la dent dure.
"Quand j’arrive sur une compétition, j’ai souvent l’impression d’être l’homo de service".
Et difficile de changer le regard des autres.
Il a donc décidé de "passer outre".
"Je sais ce que je suis. Je connais mes valeurs. C’est une pratique qui me permet de m’épanouir. Je ne ressens pas le stress. Et puis, j’ai la liberté, dans ma catégorie, de choisir mon engin. Jusque-là, j’ai opté pour le cerceau, après avoir testé le ballon en duo. Tant que mes coaches croiront en moi, je continuerai. Malgré tout ce qui peut être dit sur moi. Peut-être même que je servirai d’exemple. Parce que je suis pour l’instant le seul à pratiquer en Champagne-Ardennes".

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