08/12 ▒ CHANSON ▒ Les sombres dessous de l'Euro(div)ision...

Quand Eurovision rime avec bourbier.

Israël pourra participer à l'édition 2026 du Concours.

Décision qui a mis le feu aux poudres.

Jeudi, l'UER, "Union Européenne de Radio-télévision", qui est l'instance organisatrice a validé la participation d'Israël.

Dans le même temps, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie ont annoncé leur retrait.

Les partisans d'une exclusion d'Israël entendent protester contre la guerre et la crise humanitaire dans la bande de Gaza.

"La situation à Gaza, malgré le cessez-le-feu et l'approbation du processus de paix, rendent de plus en plus difficile le maintien de l'Eurovision en tant qu'événement culturel neutre" a réagi RTVE, chaîne de télévision publique espagnole.

RTE, groupe audiovisuel public irlandais, a dénoncé "les pertes humaines effroyables à Gaza". 

Avrotros, diffuseur néerlandais, estime que "des valeurs universelles, telles que l'humanité et la liberté de la presse, ont été gravement compromises. Pour nous, ces valeurs sont non négociables".

D'autres boycotts pourraient être annoncés.

L'Islande songe à se retirer également.

La Belgique doit prendre position dans les prochains jours.

La liste finale des participants sera annoncée avant Noël.

"Israël mérite d'être représenté sur toutes les scènes du monde entier" a réagi Isaac Herzog, président du pays.

"J'espère que la compétition restera un événement qui défend la culture, la musique, l'amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière" a-t-il ajouté.

Pour la France, c'est Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, qui s'est félicité "que l'Eurovision n'ait pas cédé aux pressions et que la France ait contribué à empêcher un boycott d'Israël dans cette enceinte".

"Jamais la France ne s’engagera dans la voie du boycott d’un peuple, de ses artistes ou de ses intellectuels. Tout s’y oppose dans l'âme et la tradition de notre pays".

"Israël fait partie de l'Eurovision, tout comme l'Allemagne fait partie de l'Europe" a réagi Wolfram Weimer, ministre allemand de la Culture.

En Autriche, pays organisateur de l'édition 2026, on se félicite de la participation d'Israël et on déplore le boycott de certains pays.

"C'est la première fois que nous voyons des divisions aussi profondes au sein de l'UER sur des questions politiques" analyse Dean Vuletic, historien qui étudie le Concours Eurovision de la chanson depuis de nombreuses années.

La question de la participation d'un État s'est déjà posée.

En 2022, c'est celle de la Russie qui a fait débat.

"Jamais dans l'histoire de ce Concours nous n'avons connu une telle division entre les diffuseurs membres de l'UER" ajoute Ben Robertson, spécialiste du Concours.

"Le navire Eurovision est en train de tanguer" selon Fabien Randanne, journaliste spécialiste de l'Eurovision.

"Les tensions qui ont émergé en septembre n'étaient que les prémices et la vraie crise ne fait que commencer".

Il faut dire que, après l'épisode de jeudi, le Concours Eurovision de la chanson se trouve fragilisé symboliquement en perdant des poids lourds.

L'Irlande l'a gagné sept fois.

Les Pays-Bas l'ont gagné cinq fois. 

Il est également frappé financièrement.

L'Espagne fait partie des cinq plus importants contributeurs de l'événement avec la France, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Allemagne. 

"Le marché de la musique hispanophone est l'un des plus importants au monde. La participation de l'Espagne est un moyen pour l'Eurovision d'attirer des téléspectateurs partout dans le monde. Notamment, en Amérique latine. Son absence est donc un coup dur" analyse Dean Vuletic.

"Ce qui s'est passé à l'Assemblée de l'UER confirme que l'Eurovision n'est pas un concours de chansons, mais un festival dominé par des intérêts géopolitiques et profondément divisé" reproche l'Espagne.

Elle dénonce "l'utilisation du Concours à des fins politiques par Israël".

Il est possible que le Concours Eurovision de la chanson ne sorte pas indemne de cette polémique.

"Perdre tout participant cause, d'une façon ou d'une autre, certains dommages" conclut Dean Vuletic.