03/12 ▒ SANTÉ ▒ Porter des tonnes, se baisser, supporter le bruit...
Un guide pour rendre visible les douleurs invisibilisées.
Le SNPPE, "Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance", publie un guide baptisé, "Gestes invisibles".
Le but est d’alerter sur la pénibilité au travail dans le secteur de la petite enfance.
L’objectif est triple : sensibiliser, convaincre et mobiliser, à la fois, les professionnelles d’un secteur féminin à 97%, mais aussi les pouvoirs publics.
Les chiffres mis en avant sont édifiants.
Les professionnelles de la petite enfance réalisent, en moyenne, soixante-dix manipulations d’enfants par jour.
Soit 840 kilos soulevés quotidiennement en tenant compte du poids moyen d’un enfant accueilli en crèche.
"Sur une base prudente de 200 jours travaillés par an, la masse cumulée atteint 168 tonnes par an. Soit plus de 5 000 tonnes au cours d’une carrière de trente ans" précise le guide.
Une charge à laquelle s’ajoutent 300 tonnes de matériel : poussettes, tapis, caisses de linge, bacs à jouets, etc...
Le guide pointe aussi l’impact des gestes d’accroupissements pour se mettre à hauteur d’enfant.
Sur trente ans, on estime que les professionnelles vont effectuer entre 700 000 et 1 million de gestes en posture basse.
Par ailleurs, elles sont exposées, tout au long de leur carrière, aux déchets organiques, aux microbes, aux virus.
À cekà, il faut ajouter 56 000 heures de bruit en moyenne.
"Des niveaux dépassent régulièrement les 85 décibels, seuil de vigilance reconnu par les organismes de prévention".
L’ensemble de ces facteurs ont un effet sur la santé des acteurs de la petite enfance.
Selon les dernières données, le nombre de maladies professionnelles a grimpé de 44% en 2023.
Des chiffres sous-estimés selon le SNPPE, car ils n’illustrent que la réalité des structures privées de la petite enfance.
Ils ne prennent pas en compte les crèches municipales et les structures associatives.
"En moyenne, les professionnels du secteur des métiers de la petite enfance sont arrêtés 66 jours pour cause d’accident du travail et 255 jours pour cause de maladie professionnelle sur l’ensemble de leur carrière" indique l’Assurance Maladie.
"Les maladies professionnelles et la pénibilité sont plutôt envisagées par rapport aux métiers physiques et masculins" analyse Cyrille Godfroy, cosecrétaire général du SNPPE.
"On ne réalise pas la pénibilité liée aux métiers de la petite enfance. On reste dans les clichés de métier féminin avec l’idée que c’est naturel de s’occuper des enfants et qu’il n’y a pas à se plaindre".
Le syndicat milite aussi pour un encadrement "bienveillant".
Il pointe la difficulté de "libérer la parole dans le secteur".
La campagne de communication, lancée sur les réseaux sociaux du syndicat, a permis de faire émerger des témoignages.
Tendinite, lombalgie, burn-out…
Les récits se ressemblent.
Le mois, dernier, le syndicat a adressé une lettre ouverte à Sébastien Lecornu afin que la pénibilité des métiers de la petite enfance soit prise en compte dans la conférence sociale qui s’ouvre cette semaine.
Courrier resté sans réponse.

Commentaires
Enregistrer un commentaire