14/11 ▒ PARIS ▒ De l'émotion et l'inauguration d'un lieu dédié...
Des commémorations chargées en émotion.
Hier, la France s'est recueillie devant le Bataclan, les terrasses parisiennes endeuillées ou encore les portes du Stade de France.
Politiques, victimes et proches des disparus se sont retrouvés devant les lieux des attentats du 13 novembre 2015.
Ce jour-là, la France est frappée par les attaques jihadistes les plus meurtrières de son histoire, qui ciblent un match de football, un concert de hard-rock, des bars et des restaurants.
Hier, le premier hommage a été rendu à Manuel Dias avec une cérémonie au Stade de France.
Manuel Dias, chauffeur de bus de 63 ans, attendait un groupe de supporters qu'il avait conduits depuis Reims pour assister au match de football France-Allemagne.
C'est là qu'un kamikaze a déclenché son gilet explosif.
Hier, Sophie Dias, sa fille, a pris la parole.
"Depuis ce 13 novembre, il y a un vide qui ne se comble pas. Une absence qui pèse chaque matin et chaque soir depuis dix ans. Nous n'oublierons jamais. On nous dit de tourner la page, dix ans après, mais l'absence est immense, le choc est intact et l'incompréhension règne toujours. Puissions-nous ne jamais oublier et continuer à faire vivre ce qu'il incarnait : le respect, la tendresse, l'amour de son prochain".
La journée d'hier a été marquée par une itinérance mémorielle.
Après le Stade de France, les élus et les associations se sont rendus devant les différents lieux des attentats à Paris : "Le Carillon" et "Le Petit Cambodge", "La Bonne Bière", "Le Comptoir Voltaire" et La Belle Équipe".
À chaque fois, les noms des victimes ont été égrenés, avant le dépôt d'une gerbe, une minute de silence et une Marseillaise.
La dernière étape de ces commémorations fut le "Bataclan".
Un moment fort avec l'évocation de la longue liste des victimes.
"C'est très compliqué. Même dix ans après" témoigne Gaëlle, rescapée de l'attentat.
Elle a subi une cinquantaine d'opérations chirurgicales et a perdu son compagnon lors du concert.
En fin d'après-midi, Notre-Dame de Paris, les églises parisiennes et la Basilique Saint-Denis ont fait sonner leurs cloches pendant plusieurs minutes.
Prélude à la cérémonie d'inauguration du "Jardin du souvenir".
Ce lieu est une enceinte de pierre d'où émergent des blocs de granit évoquant les six lieux des attentats.
Les noms des victimes y sont gravés.
En leur hommage, l’Orchestre de la Garde républicaine et le Chœur de Radio France ont interprêté le "Requiem des Lumières", composition originale de Victor Le Masne, directeur musical de Paris 2024.
Une oeuvre sans paroles.
"Ça m'intéressait beaucoup de travailler avec les voix, avec le souffle. Ce requiem n'est pas religieux. C'est un requiem laïc avec un aspect solennel et spirituel".
"Ce sera un jardin. Ce sera un lieu où la vie renaît à chaque printemps" a ensuite déclaré Philippe Duperron, président de l'association, "13onze15".
Il a remercié Anne Hidalgo pour la mise en place de ce lieu.
Arthur Dénouveaux, président de "Life for Paris", a également pris la parole.
"Au-delà du malheur, ce qui compte, c'est ce qu'on en fait. J'aurais aimé vous dire que l'espérance nous avait portés, mais c'est faux. Elle ne trace aucun chemin. Nous n'avons rien d'autre à vous proposer que l'exigence : celle de vivre. Nous n'avons pas de remède contre la claustrophobie de ce présent".
Ensuite, la liste des 132 morts des attentats a été égrenée par des personnes liées à la tragique journée du 13 novembre 2015.
Sébastien Ferret, coordinateur de la sécurité incendie au Stade de France.
Anne Godefroy, des sapeurs-pompiers de Paris.
Le responsable sécurité du "Bataclan".
Guillaume Cardy, policier.
Anne Pouëssel, urgentiste.
Anne-Clémence Simonin, bénévole de la protection civile de Paris.
Sébastien Lacen, agent de propreté de la Ville de Paris.
Philippe Picquart, directeur général des services de la mairie du XIème arrondissement.
Sylvie Molenda, psychologue.
Maryline Touchet, greffière à la cour d'assises de Paris.
Anne Hidalgo, maire de Paris, a pris la parole ensuite.
"Ce soir-là, l'État n'a pas failli. Il a tenu bon, solide. Une union sacrée entre une ville et tout un pays s'est nouée. L'année 2015 restera à jamais gravée dans nos mémoires. De ce soir-là, je me souviens de tout. Je me rappelle l'angoisse, puis la stupeur et cette certitude que notre ville, Paris, venait d'entrer dans l'une des heures les plus sombres son histoire".
Parmi les artiste présents, il y avait Jesse Hughes, membre des Eagles of Death Metal, qui se produisait au "Bataclan" ce soir-là.
"La France a tenu. La République a tenu, dans l'urgence, par la fraternité, par la justice, par la vérité, par l'amour de la vie. Nous avons tenu" a assuré Emmanuel Macron lors de son discours.
Il a décrit "la douleur insensée, injuste, insupportable des victimes. Rien de normal dans cette douleur larvée, lancinante, ressurgie chaque fois qu'un autre attentat frappait notre sol. Quand les terroristes veulent frapper la démocratie et la liberté, c'est la France et Paris d'abord qu'ils prennent pour cible".
Il a annoncé que les policiers intervenus dans le "Bataclan" seraient décorés de la Légion d'honneur.

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