20/10 ▒ BAS-RHIN ▒ "C'est aux harceleurs, antisémites, homophobes, d'avoir peur".

A priori, il ne voulait pas en parler. 

Ne pas relancer de polémique sur ce thème.

Finalement, Pierre Jakubowicz (au centre), candidat Horizons aux Élections municipales de Strasbourg, a révélé les attaques homophobes dont il est victime sur les réseaux sociaux.

C'est une vidéo le montrant lui et Gabriel Attal qui a lancé les attaques.

L'ex-Premier ministre était à Strasbourg pour soutenir le candidat.

S'en sont suivis des commentaires haineux et homophobes.

Pourtant, Gabriel Attal et Pierre Jakubowicz n'ont jamais caché leur homosexualité.

En réaction à ces attaques, Pierre Jakubowicz s'est d'abord muré dans le silence. 

"J'ai vu les commentaires s'égrainer tout au long du week-end et je me disais que je devais, comme d'habitude, me contenter de les modérer et de signaler les propos. Je considérais que je devais subir tout ça sans forcément me défendre, que c'était le prix à payer pour ceux qui s'engagent".

Mais, après avoir reçu "des centaines de messages de soutien", y compris de la part de ses opposants politiques, il a jugé nécessaire de prendre la parole. 

"Ça m'a ouvert les yeux. Cela devient tellement fréquent qu'on s'habitue, alors qu'on ne devrait pas. Ce n'est pas normal de subir ça. Il n'y a pas de fatalité à l'accepter. J'ai compris que j'avais une responsabilité à porter, notamment auprès des jeunes qui voudraient peut-être s'engager aujourd'hui et qui ont peur de le faire quand ils voient ce que ça coûte".

Selon Pierre Jakubowicz, les personnalités politiques peuvent avoir tendance à s'auto-censurer sur ces questions. 

"Je le sais, je suis un élu. Je suis outillé pour me défendre. Mais, j'ai pensé à la jeune fille ou au jeune garçon qui scrolle sur son portable et qui a à subir ce genre de commentaires. Celui-là ou celle-là risque de se dire : je ferais mieux de rester dans le placard. Moi, je leur dis : vous n'êtes pas obligés de subir ça. C'est à eux, harceleurs, antisémites, homophobes, d'avoir peur. Pas à vous".

Pierre Jakubowicz s'est souvent prononcé pour la mise en place de politiques protectrices des LGBT.

En 2021, il avait fait voter une motion déclarant Strasbourg "Zone de liberté pour les personnes LBGT".

Mais jusqu'ici, il faisait en sorte de ne pas mélanger vie personnelle et travail d'élu local.

"Je pense que cet épisode va me faire changer sur ce plan. Je prends conscience que je peux être un porte-voix pour d'autres. Si j'accepte de subir ces choses sans réagir en tant qu'individu, c'est aussi le responsable politique qui ne réagit pas. À partir de maintenant, je serai intransigeant. Je ne laisserai plus faire, parce qu'il faut assainir le débat public".

Pierre Jakubowicz a décidé de déposer une plainte.

L'homophobie est un délit pénal passible de six mois d'emprisonnement et 22 500 euros d'amende.