29/09 ▒ SOCIÉTÉ ▒ Ignorer ouvertement la loi contre les "thérapies de conversion"...

Trois ans après leur interdiction par la loi, les "thérapies de conversion" continuent d’être pratiquées et défendues publiquement en France. 

Jeudi, "Envoyé spécial" a diffusé un reportage mettant en évidence des discours et des méthodes qui, malgré leur illégalité, perdurent au sein de certaines communautés religieuses.

Avec des encouragements sur les réseaux sociaux.

À Créteil, dans le Val-de-Marne, "MLK", Église évangélique, affirme alors le rejet de la loi.

"France 2 ne va pas changer ce qu’il y a écrit dans la Bible" lance un responsable, qui oppose son interprétation religieuse au cadre républicain. 

Le reportage montre également Antoine David, kinésithérapeute et influenceur, se présentant comme "défenseur de la guérison de l’homosexualité".

"Des personnes homosexuelles rencontrent Christ et redeviennent hétéros" assure-t-il.

À ceux qui affirment que l'on naît homosexuel, il assure que "ce n’est pas le cas. Sans quoi, il n’y en aurait pas autant à redevenir hétéros".

Ces propos sont scientifiquement faux et dangereux. 

L’orientation sexuelle n’est pas un choix et ne peut pas être "modifiée" par la religion.

Chez les LGBT, ce type de discours génère culpabilité, honte et souffrance psychologique.

Le reportage révèle le cas d’un jeune homme soumis à des séances d’exorcisme, au sein d'une Église évangélique.

De quoi provoquer une désorientation totale.

Pour "Rien À Guérir", collectif qui milite pour la reconnaissance et l’interdiction de ces pratiques, la gravité est indéniable.

"Les propos de l’Église MLK sont ahurissants. L’interprétation homophobe dévoyée de textes, quelle que soit la religion, n’autorise personne à se placer au-dessus des lois de la République française et à mettre en danger la vie de citoyens".

L’association rappelle que "ces pratiques ne sont pas de simples croyances, mais des atteintes reconnues comme dangereuses et proches de la torture. Elles entraînent dépression, anxiété, isolement et peuvent mener au suicide".

Adoptée en 2022, la loi prévoit jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour ceux qui tentent de modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne.

Mais, comme l'a montré "Envoyé spécial", certains acteurs continuent de les revendiquer ouvertement.

"À ciel ouvert ou devant les caméras, certains défendent sans complexe ces pratiques" déplore "Rien À Guérir" qui a décidé de faire un signalement auprès du procureur de la République.

De plus, "STOP homophobie" va déposer une plainte.

Étienne Deshoulières, avocat de l'association, explique que "les associations LGBT peuvent désormais agir contre les thérapies de conversion. Le droit pénal s’applique à toute pratique de thérapie de conversion, même dans un cadre religieux".

De leur côté, le "Conseil National des Évangéliques de France" et la "Fédération Protestante de France" ont vivement critiqué des "méthodes journalistiques contestables et des amalgames stigmatisant l’ensemble des protestants évangéliques".

Ils ont annoncé saisir l’Arcom et le ministère de l’Intérieur.

France Télévisions explique que "le reportage respecte la charte déontologique et repose sur des faits et témoignages vérifiés".

"La liberté éditoriale n’a pas pour objectif de présenter les communautés sous un jour favorable".

À noter que, malgré les faits rapportés, les différentes structures religieuses n'envisagent pas de prendre de mesure contre la pratique de ces "thérapies de conversion".

Selon une personne victime de ces pratiques, "ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont potentiellement en danger du fait de la banalisation de cette mouvance obscurantiste grandissante".

Sans contrôle effectif, ni sanctions, la loi reste lettre morte. 

Pour les associations LGBT, seule une mobilisation collective et une volonté politique claire permettront de protéger durablement les victimes.

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