29/09 ▒ CINÉMA ▒ La situation est grave, mais pas désespérée...

Quand on organise un congrès, on se réjouit souvent d'afficher de bons résultats.

Sauf que...

La semaine dernière, à Deauville, dans le Calvados, l'ambiance était loin d'être au beau fixe pour le congrès de la FNCF, "Fédération Nationale des Cinémas Français".

Il regroupait l'ensemble des exploitants de salles obscures.

Et les chiffres sont alarmants !

Pour les huit premiers mois de 2025, c'est 15% d'entrées en moins par rapport à 2024..

Soit 99,98 millions de passionnés.

En août 2025, le nombre de spectateurs a dévissé de 29,4%. 

Le secteur tire la sonnette d'alarme.

Bertrand Lott, dirigeant de "L'Observatoire de la Satisfaction", société d'études spécialisée dans le cinéma, fait un constat plutôt inquiétant.

Extraits.

"Nous sommes dans une des situations les plus basses de ces quinze dernières années. Mais, il ne faut pas s'alarmer. Ce qu'il est important de dire, c'est qu'il y a un contexte avant et après-Covid. On n'a jamais retrouvé le niveau d'avant la crise sanitaire. On a acté le fait qu'on ne rattrapera pas les chiffres, en tout cas à court terme".

"On a un déficit d'entrées d'environ 16 millions depuis le début de l'année à aujourd'hui. Effectivement, la situation est compliquée. La question, c'est de savoir si c'est structurel ou conjoncturel. Je pense qu'il y a un peu des deux. Structurellement, depuis le Covid, les spectateurs vont moins au cinéma. Il y a moins de spectateurs qu'on appelle assidus, qui allaient voir beaucoup de films, voire tous les films".

"Maintenant, on a basculé vers quelque chose de plus événementiel. Les spectateurs sont beaucoup plus exigeants, parce qu'ils ont découvert les plateformes, pour ceux qui ne les connaissaient pas encore, pendant le Covid. Ils se sont rendu compte qu'il y a beaucoup d'offres, beaucoup de petits films, de films moyens, qu'on peut voir sur les plateformes sans problème. On n'est pas obligé d'aller au cinéma pour ça".

"Maintenant, on va de plus en plus au cinéma pour de grands films visuels, mais aussi de grands films d'auteur. Ensuite, il y a beaucoup plus de films qui passent à la trappe qu'avant".

"C'est le cas des petites comédies françaises, qui sont des comédies produites pour la télévision. C'est le système de financement français. Les chaînes de télévision sont les principales forces financières des films. Elles financent des films faits pour avoir une audience à 21 heures le dimanche soir. Ce ne sont pas forcément des films spécifiquement de cinéma. Pourtant, avant, ces films-là marchaient en salle".

"On voit également des variations beaucoup plus brutales de fréquentation. Par exemple, s'il y a deux phénomènes coup sur coup, ça réveille les salles. Les fans se déplacent en masse. Avant, on avait un peu moins ce phénomène. On va vers quelque chose où les gens vont peut-être moins au cinéma, mais quand ils y vont, c'est dans d'excellentes conditions".

"Pour l'instant, 2025 est une année où le cinéma français est à la peine. Souvent, dans les années de forte fréquentation, il y a des films français forts, qui ont marché. Le film américain, c'est quelque chose de plus automatique, ancré. Les spectateurs vont voir le film d'animation Disney quoi qu'il arrive. Par contre, le film français, c'est vraiment lié au fait qu'il y ait des films forts ou pas. Et cette année, pour l'instant, il n'y a pas de films très forts".

"L'année dernière a été une année exceptionnelle. Il y a eu deux films français très forts : Un p'tit truc en plus et Le Comte de Monte-Cristo. Ça a vraiment sauvé l'année 2024 qui était plutôt mal partie".

"Cette année, il n'y a pas ça. Le film français n'est pas tout à fait à la hauteur de ce qu'il devrait faire normalement, du fait de l'offre de films commerciaux".

"Pourtant, le constat est que les films de super-héros sont plutôt à la peine. En 2025, on a eu plusieurs films de super-héros qui sont sortis : Captain America, Les Quatre Fantastiques et Superman. Ces films ont fait 1,2 à 1,6 million d'entrées. Ils ne font pas 3 ou 4 millions comme ce que pouvait faire ce genre de films avant".

"Les exploitants estiment aussi qu'il manque un film locomotive cette année. Le seul film à dépasser les 5 millions d'entrées, ç'a été Lilo et Stitch. L'an dernier, Vice-Versa 2 était à plus de 8 millions d'entrées. Mais, la fin de l'année peut être forte. Je pense que la tendance va un peu s'améliorer".

"Ce qui est attendu sur 2026 semble très prometteur. Il y a Super Mario Galaxy, Avatar : Fire and Ash, Toy Story 5, Spider-Man : Brand New Day. Effectivement, il y a plutôt de bons espoirs sur 2026".

"L'offre de films est vraiment prépondérante sur la fréquentation. Les spectateurs sont devenus très sélectifs. Ils veulent vraiment être certains d'aller au cinéma pour quelque chose de hors norme. Sur les films d'auteur, les cinéphiles choisissent l'expérience de la salle pour vraiment être dans l'univers. Il n'y a pas que l'événementiel commercial".

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