08/07 ▒ HAUTE-VIENNE ▒ Le téléfilm suscite des inquiétudes...

Il voulait tenir sa promesse faite au dernier survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944.

La volonté de Matt Pokora est de faire œuvre de mémoire envers les martyrs du massacre perpétré par les SS.

Sauf que...

Avec le téléfilm, "Oradour, ne m'oublie pas", lui et TFI ont un peu vite ignoré que l’on ne touche pas à un symbole aussi sensible sans quelques précautions.

La première aurait été d’en informer les premiers concernés.

C'est-à-dire les 2 5000 habitants du village et les descendants de ceux qui furent assassinés par les nazis. 

Selon le "Centre de la Mémoire", l’Association des Familles de Martyrs et le maire du village, tous l’ont appris "par surprise".

Si Matt Pokora a longuement parlé avec Robert Hébras, rescapé du massacre, et sa petite-fille, comme il l’a expliqué sur Instagram, et longuement visité le village martyr en leur compagnie, cela ne suffit pas.

Ce qui préoccupe surtout les premiers concernés, associations, mairie et département, c'est le peu de garanties historiques qui semble entourer le téléfilm. 

"On ne parle pas de l’Histoire qu’avec de bonnes intentions. Si celles de Matt Pokora le sont, il est aussi nécessaire de respecter au plus près la vérité historique, quand bien même il s’agit d’une fiction" ont déclaré les responsables du "centre de la Mémoire".

"Aucune collaboration avec des historiens ou chercheurs de la mémoire n’a été établie à notre connaissance. Cela suscite de légitimes interrogations sur la solidité du projet. Une reconstitution approximative, même partielle, cela peut créer des confusions et compromettre le travail d’histoire et de mémoire mené depuis des années".

Et le comuuniqué d'insister sur le fait que le tournage a déjà commencé loin du Limousin.

En Belgique.

"La plus grande vigilance historique est donc de mise, même si cela reste une fiction" estiment les experts.

En effet, le tournage de "Oradour, ne m’oublie pas" est en cours. 

Matt Pokora a publié une photo sur laquelle on le voit grimé en "Résistant des Forces Françaises Libres", rôle qu’il tient dans cette fiction. 

Il doit être parachuté sur Oradour-sur-Glane.

Et là, encore, le personnage pose problème.

"D’après ce que j’ai lu, il est fait référence à la Résistance par un parachutage. Ce qui perturbe la compréhension car le 10 juin 1944 s’est déroulé en dehors de tout phénomène de Résistance" précise Benoît Sadry, président de l’Association des Familles de Martyrs.

"Le massacre d’Oradour n’a pas été commis en représailles d’actes militaires précis de la Résistance".

De son côté, Matt Pokora a estimé "qu'il y a des projets qui changent un homme, qui changent une vie. Celui-là en fera partie. J’ai fait une promesse, pour que l’on n’oublie pas, jamais".

Avant le début du tournage, il a expliqué la genèse du projet parti d’un grand intérêt personnel pour ce drame historique et de la promesse qu’il a fait à Robert Hébras, aujourd’hui décédé.

De leur côté, le "Centre de la Mémoire", l’Association des Familles de Martyrs, le maire d’Oradour-sur-Glane et la direction du Département de la Haute-Vienne ont annoncé qu’ils "saisiront officiellement TF1 et le ministère de la Culture pour appeler à la plus grande vigilance historique".

Les habitants, ont eux aussi, font part de leur méfiance à l’égard de ce téléfilm.

Rappelant que de nombreux Alsaciens incorporés de force dans la Waffen-SS étaient parmi les massacreurs du 10 juin 1944, certains notent que "Matt Pokora est né à Strasbourg et qu'il est donc Alsacien".

Ceci dit, tous les habitants ne sont pas opposés à ce téléfilm.

L'une d'entre eux estime que "le principal est d’en parler" et cite un célèbre exemple avant "Oradour, ne m’oublie pas".

"La Liste de Schindler de Steven Spielberg a pris pas mal de libertés avec l’Histoire et le résultat est superbe".

D’autres pensent aux fonds dont pourrait bénéficier le site mémoriel, qui en a grand besoin.

Suite à toutes ces craintes et crituques, TF1 et Matt Pokora n’ont pas réagi.

TF1 s’est engagé à le faire rapidement.