01/07 ▒ SANTÉ ▒ Colère après l'annulation de la revalorisation...

Dix-sept euros cinquante. 

C'est le prix moyen pour un acte de kinésithérapie.

Une séance qui dure trente minutes et couvre un spectre très large de soins. 

Pendant ce temps, les médecins généralistes empochent trente euros par consultation, les dentistes quasiment la même chose pour un détartrage et un gynécologue facture trente-sept euros par séance. 

Alors qu’ils attendaient une revalorisation de leur acte depuis plus de dix ans, les kinésithérapeutes avaient obtenu un geste sérieux de la part de l’Assurance maladie en échange de contreparties importantes.

Notamment, sur la répartition des professionnels sur le territoire.

Au 1er juillet 2025, ils devaient voir leurs actes "standards" être revalorisés de 1,33 euro par séance. 

Une vraie avancée pour ces actes qui représentent 40% de l’activité libérale. 

Nous sommes le 1er juillet 2025 et...

Rien.

Il y a quinze jours, le comité d’alerte des dépenses d’assurance maladie a annoncé qu’il a gelé toutes les revalorisations prévues. 

Motif : il existe un risque sérieux que les dépenses d’assurance maladie dépassent, en 2025, le seuil d’alerte.

Résultat : pas de revalorisation pour les kinésithérapeutes, les dentistes et les spécialistes.

Ils devront tous attendre le 1er janvier 2026 pour espérer que la promesse soit honorée. 

Et ça ne passe pas dans la profession.

"On est à peine au-dessus du smic, alors qu’on a des charges au cabinet qui n’arrêtent pas d’augmenter. On a une nouvelle génération qui fait de plus en plus de formations. Mais, on les paye de notre poche. On ne peut pas continuer comme ça" explique Camille.

"On se sent méprisés. La dernière revalorisation date de 2014. Avec l’inflation, on a perdu 20% de pouvoir d’achat. Là, on n’a plus de patience, on est arrivés au bout du bout".

Sébastien Guérard est installé depuis 2003 à Saint-Nazaire-en-Roussillon, près de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales.

Il est aussi à la tête de la "Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs".

Le premier syndicat de la profession a longtemps demandé à ses troupes de faire preuve de patience.

Mais, cet énième revers ne passe pas.

Désormais, il le donne plus de consignes à ses adhérents pratiquant des dépassements d’honoraires.

"Il y a de plus en plus de cabinets qui pratiquent ces dépassements d’honoraires. Parce qu’ils n’ont plus le choix. Le problème, c’est que c’est fait n’importe comment, car ce n’est pas encadré" explique Sébastien Guérard, qui rappelle que "la pratique est illégale". 

"De très nombreux professionnels ont décidé d’appliquer un dépassement oscillant en général entre 1 et 3 euros. On ne l’a pas fait par plaisir, mais parce qu’on n’a plus le choix" assume Camille.

15% des professionnels en libéral appliqueraient ces frais.

Du coup, aujourd'hui, 1 500 kinés sont attendus à Paris pour une manifestation.

La Fédération réclame une réunion d’urgence avec l’Assurance maladie pour négocier un dépassement d’honoraire harmonisé et encadré.

Au-delà des dépassements, c’est aussi la qualité des soins qui peut être altérée. 

Les visites à domicile, peu rémunératrices, diminuent chaque année, alors que les besoins augmentent. 

Les balnéos, trop coûteuses, disparaissent.

Certains kinés optent pour un accueil de plusieurs patients en même temps pour optimiser les séances, qui doivent durer trente minutes, si l’on se réfère à la convention.

"Cette convention n’est plus en adéquation avec les recommandations scientifiques, ni avec la réalité économique de nos cabinets" déplore Sébastien Guérard. 

Lui, aussi, sera dans la rue ce mardi pour crier ses revendications. 

Avec l’espoir (mince) qu’elles soient entendues.

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