30/06 ▒ KENYA ▒ Malgré les menaces, la communauté LGBT résiste...

Sous les flashs des projecteurs, le "voguing" s’impose à Nairobi comme un acte de résistance queer. 

Entre danse libératrice et menace d’une loi homophobe, la communauté LGBT célèbre sa fierté dans l’ombre.

Pendant ce temps, les conservateurs durcissent la répression.

Devant un public en liesse, un homme ouvre le bal.

Il multiplie les mouvements acrobatiques, guidé par des rythmes électroniques.

Des mouvements amples réalisés en position accroupie, debout et couchée.

Des mouvements inspirés de ceux créés aux États-Unis dans les années 60 par la communauté LGBT noire et latino.

Ensuite, certains défilent avec des pièces de vêtements d'une collection composée d'éléments dorés. 

"Leur message : Sois libre, sois toi-même. La société te rattrapera" explique leur créateur queer.

Ce genre de bal, où se pratique le voguing, se tient toujours dans des lieux privatisés et sécurisés. 

Une participante explique que "la société kényane, essentiellement chrétienne et conservatrice, est majoritairement hostile aux LGBT. Surtout hors de Nairobi".

Elle regrette, qu'une fois la nuit terminée, les fêtards doivent à nouveau "prétendre être quelqu'un d'autre". 

Toutefois, "la communauté s'agrandit" note un des fondateurs du "voguing" kényan.

"Ceci dit, on suit avec angoisse le projet de loi qui menace littéralement notre existence" ajoute le jeune homme.

Le texte de loi pourrait être examiné cette année.

Selon sa dernière version, il envisage des peines allant jusqu'à 30 ans de prison pour des relations homosexuelles et il incite à la délation.

Peter Kaluma, député à l'origine du texte, a récemment participé à une conférence sur les valeurs familiales organisée par des groupes évangéliques.

Devant un public conquis, il a dénoncé "la perversion LGBT profondément ancrée dans nos société. Il faut un futur moralement fondé, socialement sûr et politiquement souverain".

Pour Ivy Werimba, membre de "Galck+", organisation de défense des LGBT, "c'est parce que le mouvement anti-homosexualité est bien financé, notamment par l'étranger, que le message va si loin".

À ce jour, les relations homosexuelles sont passibles de 14 années de prison.

Mais, cette peine est rarement requise par la justice.

À contre-courant de l’hostilité souvent exprimée par les mouvements religieux, deux banderoles arc-en-ciel accueillent les croyants dans une salle de réunion de Nairobi, convertie en espace de prières. 

Un service religieux pour LGBT, toutes confessions confondues, y fait salle comble chaque dimanche.

"Les gens sont allés dans des espaces qui les ont rejetés très durement" explique Caroline Omolo, pasteure de 48 ans.

Elle se félicite d'accueillir les fidèles dans "un lieu qui leur permet de s'exprimer pleinement, avec toute leur différence, avec tout leur côté queer".

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