30/06 ▒ ÉCONOMIE ▒ "Le sportswear, c’est un mouvement majeur".

"Au départ, on n’y connaissait rien en textile".

Lancée en 2017, "Cocorico" est une marque de vêtements qui se revendique 100% française.

En 2025, elle affiche une progression de son chiffre d’affaires de 50% par rapport à 2024. 

"Il devrait atteindre entre 20 et 25 millions d’euros d’ici à la fin de l’année" estime Arthur Charle, un des fondateurs de la marque.

"Nous avons franchi une étape importante l’année dernière, puisque, avec plus de 700 000 pièces fabriquées, nous sommes passés premier fabricant de textile en France".

Uniquement présente sur le Web depuis sa création, "Cocorico" va entrer en boutiques dès la fin de cette année.

"À la faveur d’un partenariat signé avec un gros distributeur" annonce Arthur Charle.

Il revient sur les clés du succès d’une marque qui réussit à allier "made in France et prix abordables".

Extraits.

"Quand on évoque le made in France, on pense tout de suite à des prix élevés. Le concept, dès le départ, était de créer une marque de vêtements intégralement fabriqués en France en proposant des prix abordables pour tous. Seule la matière première, essentiellement le coton, n’est pas française, mais il est européen à grande majorité. En provenance notamment de Grèce".

"En 2017, Cocorico a ainsi lancé son premier boxer à 9,90 euros. On a tout de suite fait un carton et, depuis, nous proposons une marque de vêtements composée de grands intemporels, comme le tee-shirt, le jean… On est capable d’habiller hommes et femmes des pieds à la tête, en 100% made in France. Et toujours à des prix abordables : moins de 10 euros les sous-vêtements, entre 19,90 euros et 29,90 euros le tee-shirt, moins de 40 euros un sweat, moins de 80 euros un jean".

"Pour réussir à tirer des prix vers le bas tout en fabriquant en France, on a remis en cause la manière de fabriquer des vêtements. On n’y connaissait rien en textile, mais on connaissait bien le Web. Nous sommes donc arrivés sur un marché avec un œil très neuf. Dès le début, tout le monde nous a dit que le made in France, ce serait des contraintes supplémentaires, des coûts en plus. En fait, non. C’est économiquement avantageux de produire en France, parce que vous êtes à 250 kilomètres de votre usine, parce que vous gérez moins de stocks. Ce qui limite les invendus. Nous nous appuyons ainsi sur un parc de 38 usines partenaires, toutes en France, ce qui nous permet de mailler l’ensemble du territoire".

"Cocorico a également fait le choix de se concentrer sur des vêtements très simples, basiques. Le problème de beaucoup d’acteurs de la mode, type Shein ou Temu, est qu’ils changent de collection toutes les semaines. Or, c’est difficile en tant qu’industriel d’être qualitatif quand vous changez si rapidement de modèles. Cocorico, c’est le même modèle de tee-shirt depuis 2018. On en a fait des centaines de milliers. Sur la chaîne de fabrication, il y a une amélioration continue. On peut prendre des années pour améliorer progressivement un produit. Ce qui est impossible chez un acteur qui change de modèle toutes les semaines".

"On a demandé aux fabricants comment gagner du temps dans la chaîne de fabrication. Ils nous ont expliqué que, pour les tee-shirts par exemple, traditionnellement, on place une bande de propreté dans le col. C’est un petit bout de tissu qui n’a pour seul intérêt que de cacher une couture. Si on l’enlève, on gagne deux minutes sur chaque tee-shirt. Donc, on l’a retiré. Et nous n’avons jamais eu un retour client pour nous demander où était passée la bande de propreté. À force de petites choses comme ça, nous avons réduit les durées de fabrication. Aujourd’hui, nous avons 250 personnes qui travaillent à temps plein sur nos chaînes. Nous avons investi sur des machines semi-automatiques, qui ne demandent pas de formation couture".

"L’autre secret de Cocorico, c’est que nous fonctionnons avec des marges plus réduites que nos concurrents. Les grandes marques internationales ont toute une chaîne de sous-traitants, de l’usine au Vietnam au magasin en France, qu’il faut rémunérer. Les moyennes du marché, c’est 60 à 70% de marge brute, nous, on fait 40 à 45%".

"Enfin, Cocorico a réussi à surfer sur une tendance. Celle du sportswear. On pense que l’on est dans une phase de transition dans le textile, plutôt que de déconsommation. Nous sommes face à de nouvelles demandes de la part des consommateurs. La tendance qui monte, c’est le sportswear, c’est un mouvement majeur et certains gros acteurs du sport américain font de véritables cartons. On retrouve leurs vêtements autant dans les salles de sport que dans les bureaux. Notre marque, qui fait des produits simples, surfe sur cette vague".

 l’arrivée, Cocorico se veut comme une alternative française à la fast fashion. En particulier, aux vêtements fabriqués à la chaîne en Asie. D’un point de vue production, un tee-shirt à 5 euros, c’est une aberration écologique. Après, je pense que, si des acteurs comme Shein ou Temu fonctionnent si bien en France, c’est qu’ils répondent à un besoin : le pouvoir d’achat. Tout le monde les critique, mais personne ne propose d’alternative. Notre enjeu, en tant que marque française et à notre petit niveau, est de tenter d’y apporter une réponse".

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

06/05 ▒ NORD ▒ Une deuxième Gay Pride pour le département...