23/06 ▒ CORSE ▒ Montrer que la communauté LGBT compte...
Samedi, quelques 200 personnes ont défilé à Bastia pour la troisième "Marche des Fiertés".
Un défilé parti de la place d’Armes et qui s’est dirigé vers la place Saint-Nicolas, en passant par le Vieux-Port de Bastia.
"Cette marche est un acte militant" martèle Léa Saby, une des organisatrices.
Quelques minutes avant le départ, elle rappelle aussi le mot d’ordre de cette édition 2025 : "C’est la visibilité pour montrer que les personnes LGBT existent en Corse, qu’elles sont nombreuses et présentes".
Un refus de la marginalisation soutenu par dix-huit organisations syndicales, politiques et associatives.
Michel Stefani, chef de file du Parti communiste en Corse, était présent.
Tout comme Charles Casabianca, leader de la CGT en Haute-Corse, ou encore Patrizia Poli, représentante de la "Ligue des Droits de l’Homme".
Dans le cortège, une forte présence de la jeunesse, réunie autour d’un cri : "On est Corse, on est LGBT et on est fier".
"Je suis ici pour soutenir les personnes, pour qu’elles se sentent représentées" explique une jeune fille.
"J’assume appartenir à la communauté LGBT depuis l’âge de 15 ans. Cette marche est importante pour montrer qu’on existe" explique Camille.
Elle précise qu’elle n’a jamais eu de soucis en raison de son orientation sexuelle.
"Mais, la situation n’est pas la même pour tous les membres de la communauté LGBT insulaire".
Pour Éva, une des organisatrices, "la situation est un peu inquiétante. Beaucoup de personnes disent qu’elles n’ont jamais eu de problèmes, mais ce sont des personnes bien implantées ou très discrètes. Quand on voit les agressions homophobes qu’il y a eu dans de nombreuses villes de Corse, on ne peut pas dire que la situation est normale. Beaucoup de personnes ne se tiennent pas la main dans la rue ou ne s’embrassent pas. On ne peut pas dire que la situation est normale, car il y a toujours des personnes qui se cachent".
Une situation qu'elle explique notamment par l’insularité.
"On n’arrive pas encore à accepter la différence. Nous avons peu de brassage. On apprend dès le plus jeune âge qu’il y a une normalité et qu’il ne faut pas sortir de ce cadre pour ne pas être rejeté. Et c’est pareil si l’on est gros ou racisé. Nous sommes stigmatisés".
Pour Aude, qui se définit comme pansexuelle, "nous sommes encore très loin d’accepter cette société en Corse. Cette marche est essentielle pour dire que les LGBT ont le droit d’exister comme des gens normaux".
Pour elle, "ceux qui présentent les LGBT comme une dérive de la société corse se trompent de combat, face aux nombreux maux qui rongent l’île au quotidien".
Des propos qui reflètent le sentiment de certains Corses.
Un discours que rejette Francesca Maria.
"On peut être Corse et être LGBT, chanter des chansons en corse. C’est tout à fait compatible. On dit de nous, sur les réseaux sociaux, que nous sommes francisés. Dans leur imaginaire, ils pensent que c’est une dérive, que ce n’est pas insulaire, alors que cela existe dans toutes les sociétés du monde depuis la nuit des temps".
En Corse, si une personnalité de premier plan faisait son coming-out, cela changerait-il la vision de certains ?
La question reste ouverte, mais complexe.
Éva estime que "ces personnes, en tant que célébrités, pourraient dire ouvertement qu’elles sont LGBT. Cela permettrait aux autres de s’ouvrir davantage. Les personnes qui ont un statut social plus élevé ne sont pas atteignables. Ces personnes-là pourraient lancer la visibilité. Sans pour autant être des égéries de la cause".
Avec ce rendez-vous, la communauté LGBT de Corse entendait alerter sur les problématiques et dresser un état des lieux de la situation en Europe et dans le monde.
Tout en rejetant la progression des idées réactionnaires et d’extrême droite.
"Nous nous tenons au milieu du chemin des pouvoirs autoritaires" expliquent les organisateurs.
Et d'énumérer certains retours en arrière.
Une décision transphobe de la justice britannique qui définit le genre par le sexe biologique, l’effacement de l’histoire des luttes sociales aux États-Unis, l’interdiction de la "Marche des Fiertés" par le Parlement hongrois.
Ils s’inquiètent aussi du peu de condamnations concernant la diffamation ou encore de la tournure que prennent les réseaux sociaux.
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