31/03 ▒ SOCIÉTÉ ▒ Situation inquiétante pour les élèves infirmiers...
En 2022, le mal-être des étudiants infirmiers pouvait encore être imputé à la crise sanitaire.
Difficile d’utiliser le même argument en 2025.
Dans son enquête, la "Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières" pointe "la santé dégradée des étudiants".
Près de 75% d'entre eux affirment que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de leur formation.
Ils étaient 61% en 2022.
Un point commun à ce sentiment : les conditions de stage, qui amènent certains étudiants à arrêter leur formation et/ou à penser au suicide.
D’après Ilona Denis, présidente de la Fnesi, "les résultats de l’enquête ne sont que le reflet de ce que l’on constate au quotidien".
"On a eu une montée des sollicitations sur notre plateforme depuis janvier. Certains nous ont appelés, cachés dans les toilettes, avec la peur de retourner dans leur service".
La Fédération reçoit plus de 100 mails par mois et dix appels téléphoniques par jour.
"31% des étudiants prennent des traitements et consomment anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques".
À la fois épuisés physiquement et mentalement, 70% des étudiants infirmiers affirment avoir déjà pensé à arrêter leur formation.
Ils étaient 59% dans le même cas en 2022.
Une tendance qui se confirme dans les faits.
15% des étudiants interrompent leur formation chaque année.
La cause principale est connue.
Les conditions de stage sont dénoncées par 40% des étudiants infirmiers.
"Ma vie a complètement basculé vers un côté triste et obscur. J’ai dû faire une interruption de formation pour pouvoir m’en sortir mentalement. J’en garde beaucoup de séquelles" témoigne un étudiant.
Même s'ils se font de plus en plus accompagner par des psychologues, les conditions de formation sont toujours pointées du doigt.
31% des étudiants révèlent prendre des traitements et consomment des anxiolytiques et des antidépresseurs.
20% disent avoir déjà eu des idées suicidaires.
"En fin de stage, les étudiants sont confrontés à un dilemme : dénoncer ou valider leur stage. Sauf que les deux sont rarement compatibles malheureusement" constate Ilona Denis.
En effet, 61% des étudiants se disent peu ou moyennement écoutés, quand ils font remonter les problématiques.
Le système de santé laisse peu de place à la compréhension.
Les formateurs sont pris en étau.
Croire l’étudiant ou croire le service.
Dans la plupart des cas, c'est la seconde option qui l'emporte.
Depuis juillet 2020 et le "Ségur de la santé", le gouvernement n’a de cesse d’encourager l’augmentation des capacités d’accueil en formation pour faire face à la pénurie d’infirmiers.
De ce fait, il est de plus en plus diffcile de trouver des stages dans de bonnes conditions.
39% des étudiants se retrouvent en stage avec plusieurs autres étudiants infirmiers.
De quoi fortement impacter l’accompagnement personnalisé.
C'est pourquoi, la "Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières" demande la création d’une plateforme nationale d’évaluation des stages.
À cette situation dégradée, il faut ajouter, comme c'est le cas en médecine, les violences subies.
10% des étudiant estime avoir été discriminés.
16% ont été victimes de violences sexistes ou sexuelles pendant leur formation.
Dans 53% des cas, les agressions sont commises par un professionnel de santé, voire par le tuteur du stage.
Il y a quelques mois, l’Ordre national des infirmiers évoquait le chiffre de 25% d'(agressions.
"Cette différence de chiffre nous a interpellé. On estime que les étudiants n’ont pas conscience de subir des violences sexuelles ou sexistes. Ils sont peu sensibilisés pour les reconnaître. C’est assez inquiétanté" analyse Ilona Denis.
Enfin, l'enquête pointe également la précarité bien "réelle" subie par les étudiants.
La plupart est contrainte à sauter des repas, travailler en plus des études et renoncer aux soins.
"De quoi affecter, non seulement la santé physique, mentale des étudiants infirmiers, mais également leur réussite académique" conclut Ilona Denis.
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