27/09 ▒ JUSTICE ▒ Il plaide l'ivresse et se pose en victime...
Hier, s'est tenu le procès de Nicolas Bedos.
Le président prend les devants et s’excuse.
"La lecture de mon rapport va sans doute être un peu longue. Mais au moins, comme ça, tout sera dans le débat".
Pendant plus de deux heures, Nicolas Bedos écoute le résumé des faits qui lui valent de comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour "agression et harcèlement sexuels".
Il est question de "soirées très alcoolisées en boîtes de nuit, de comportements déplacés envers les femmes, de victimes choquées".
"Quelle perception en avez-vous ?" lui demande le juge.
Face à la salle pleine à craquer, Nicolas Bedos se croit sur une scène de théâtre.
Sa ligne de défense se résume ainsi : il était trop "bourré" et il a tout oublié.
Il ne se souvient "de quasiment rien, rien".
Pas même de cette agression sexuelle dont il est accusé par une jeune femme croisée, le 1er juin 2023, dans une discothèque de Paris.
"Juste du brouhaha ambiant. Et encore. Si c’était du cinéma, pardonnez-moi, ça serait des taches floues, de couleur" lance-t-il à la cour.
Au-delà de l'esbrouffe, Nicolas Bedos concède qu’il peut se montrer "odieux et agressif avec ceux qu’il rencontre lors de ces épisodes d’ivresse prétendument festive".
"J'ai depuis longtemps conscience que l’alcool est une circonstance aggravante. Mais, je ne suis pas un agresseur sexuel. Je ne le serai jamais".
Il évoque un "comportement de lourdeur, de drague, de numéro d’ivrogne. Je n’ai pas le désir d’imposer quelque chose de sexuel à l’autre".
S’il certifie n’avoir agressé personne, il ne veut pas, pour autant, "contester la parole d’une femme".
Il jure avoir été "sensible à ce que la plaignante a pu ressentir".
Son attitude tranche avec la sincérité de cette dernière.
Elle a du mal à dissimuler son émotion.
Elle se remémore cette soirée passée en boîte de nuit avec son frère et des amis.
Elle dansait lorsqu’elle a croisé le chemin Nicolas Bedos.
"Il s’est approché de moi, tête baissée, la main en avant. Et il met sa main là, voilà" explique-t-elle en montrant son entrejambe.
"Il s'est agrippé à cette partie de mon corps durant quelques secondes. Ses yeux m'ont fait peur. Je lui ai demandé s’il avait conscience de ce qu’il venait de faire. Aucune réponse".
C'est là que le videur de la boîte de nuit est intervenu.
Ensuite la plaignante évoque "des troubles du sommeil, des réveils nocturnes, un blocage durant un rapport sexuel".
"Est-ce que ça vous fait réagir ?" demande le président à Nicolas Bedos.
"Je suis terrorisé par la situation et je suis aussi en colère, car cela a eu un impact sur l’ensemble de mon existence. J'ai quasiment tout perdu dans cette histoire. Je ne travaille plus. Je n’ai plus rien. Tout s’est interrompu. Ma carrière est terminée".
Il explique vivre "reclus dans l’arrière-pays niçois".
"Donc, c’est vous la victime dans ce dossier ?" ironise l’avocat de la plaignante.
"Ce n’est pas minimiser ce qu’elle ressent que de dire que ma vie est en lambeaux" rétorque Nicolas Bedos.
Deux autres témoignages viennent accréditer la version de la plaignante.
Elsa, serveuse dans un bar à Paris, évoque une affaire avec Nicolas Bedos, qui était "en état d’ébriété".
Il l’attrapé par la taille et l’embrasse dans le cou.
"Un baiser non consenti" précise la jeune femme devant la cour.
Depuis cet épisode, elle se dit "intimidée par la gent masculine" et est suivie par une psychologue.
Une fois encore, Nicolas Bedos ne se souvient de rien.
Le troisième témoignage est celui de Camille.
Les faits remontent à 2018, lors d’une soirée organisée chez l’acteur, Gilles Lellouche.
À l’époque, elle travaillait dans le monde du cinéma.
"Cinq secondes après avoir rencontré Nicolas Bedos, il a glissé sa main sous mon tee-shirt. Il m’a suivi dans les toilettes, puis il a essayé de m’embrasser dans la cuisine".
Après réflexion, elle a aussi décidé de se constituer partie civile au procès.
"Reconnaissez vous les faits ?" demande à nouveau le président.
La réponse est toujours la même.
Nicolas Bedos assure qu'il ne se souvient de rien.
Pour sa défense, il soutient qu’il ne boit plus et certifie suivre une thérapie pour se soigner.
"Oui, il a un problème avec l’alcool. Mais, ce n’est pas parce qu’il était ivre qu’on peut lui imputer n’importe quoi" plaide son avocate.
"C’est un alcoolisme qui a des conséquences terribles pour lui et pour les autres. C’est une maladie liée à une dépression. Aucun témoin n’a vu ce qui s’est passé".
Au terme des débats, le procureur a requis une peine d’un an de prison, assortie d’un sursis probatoire de deux ans et d’une obligation de soin.
"La version défendue par le prévenu ne peut pas avoir la même valeur que celle de la plaignante, qui s’est montrée constante tout au long de l’enquête. Les témoignages des deux autres jeunes filles viennent conforter son intuition. Ce sont là des comportements qui se sont reproduits à plusieurs reprises et un problème avec l’alcool minimisé par l’accusé" a-t-il plaidé.
La décision a été mise en délibéré au 22 octobre 2024.
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