20/12 ➥ CINÉMA ➥ Deux visions de l'homosexualité face à la société...

Il y a quinze jours, sortait "Le Temps d'aimer", nouveau film de Katell Quilléveré, avec Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste.

Cette semaine, "Netflix" propose le biopic du compositeur Leonard Bernstein, "Maestro".

Film réalisé par Bradley Cooper

Dans les deux histoires, situées dans la seconde moitié du XXème siècle, un homosexuel épouse une femme pour échapper à l’opprobre sociale. 

À chaque fois, l’épouse connaît la préférence sexuelle de son époux. 

Même si elle la tolère, elle va entraîner beaucoup de souffrance.

Si les deux récits se ressemblent, ils sont pourtant bien différents.

Principale donnée : la différence entre les milieux sociaux décrits. 

Dans les classes moyennes, même intellectuelles, décrites dans "Le Temps d’aimer", l’homosexualité comme choix de vie assumé socialement n’est pas une option. 

François, étudiant puis enseignant, ne peut envisager d’autre mode de vie que la dissimulation et le mensonge. 

Une autre vie, où il pourrait vivre en accord avec ses désirs sexuels et amoureux, n’est pas pensable. 

Et même ce qui est vécu en secret est troublé par la honte.

Pour "Maestro", la honte n’est plus la question.

Leonard Bernstein évolue dans le milieu permissif des élites artistiques de la côte Est des États-Unis.

Son rayonnement artistique et son argent lui permettent de vivre ses désirs sans entrave.

À condition de sauvegarder, pour le plus grand nombre, la vitrine hétérosexuelle, conjugale et familiale. 

D’un côté, une marginalité proscrite et une vie entière vécue dans le refoulement. 

De l’autre, une marginalité tolérée, qui autorise l’accomplissement des désirs, mais à la condition d’une dissimulation.

Ce qui est troublant dans ces deux histoires, c'est le parallèle de la maladie.

Les deux épouses se battent contre le cancer.

Une rémission paraît possible dans "le Temps d'aimer".

Dans "Maestro", l'épouse du compositeur en succombe.

Douze ans avant la mort de Leonard Bernstein. 

Nul ne sait jamais quel rôle a joué la société et les époux dans ces maladies.

D'un côté, il y a la société qui condamne le désir des homosexuels.

De l'autre, il y a le mal que font ces hommes à leur entourage.

Dans "Maestro" de Bradley Cooper, Leonard Bernstein est une figure particulièrement ambivalente.

En choisissant de vivre légitimement ses désirs, mais dans le confort du mensonge bourgeois, il devient une figure d’oppresseur pour son épouse.

Une épouse qui sait tout de ses désirs, qui s’efforce à les accepter.

Au final, elle ne parvient jamais vraiment à se défaire de la mainmise affective qu’il exerce sur elle.

Le film montre la force nécessaire pour affirmer un désir qu’une société réprime et la part d’égoïsme et de brutalité propre aux conditions dans lesquelles s’affirme ce désir. 

Au bout du compte, c’est le système social qui a engendré cette chaîne du malheur, liée à l'homosexualité d'un des membres du couple en question.

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