30/11 ➥ ITALIE ➥ Trente-trois couples lesbiens devant la justice...

Trente-trois familles ont déposé un recours en justice, suite à la contestation par le parquet d'actes de naissance de leurs enfants.

Mères de deux garçons et deux filles, Sara et Élisa étaient convoquées par le tribunal de Padoue, à propos de l’état civil de leur deuxième fils.

"Je me souviens encore du jour où on a reçu cette convocation. J’étais enceinte" confie Sara, anéantie et inquiète des dommages psychologiques sur ses enfants.

"Ils sentent notre tension, même s’ils ne comprennent pas tout. L’autre jour, ils m’ont demandé : s’ils enlèvent maman de l’acte de naissance, elle devra quitter la maison ? On les a rassurés".

Tout a commencé en juin dernier, quand la justice a contesté les actes de naissance de tous les enfants de couples lesbiens enregistrés par la Ville de Padoue depuis 2017. 

Cette décision fasait suite à une circulaire du ministère de l’Intérieur ordonnant aux maires de ne plus inscrire le deuxième parent sur les actes de naissance de familles homoparentales. 

Seules les mères ayant accouché peuvent désormais être reconnues. 

Concrètement, cela signifie que la mère qui n’a pas accouché devra demander l’autorisation de sa conjointe pour aller chercher son enfant à l’école, l’emmener chez le médecin ou à l’hôpital.

En cas de décès de la mère ayant porté l’enfant, celui-ci serait considéré comme orphelin.

Face à cette mesure, clairement homophobe, trente-trois familles, appuyées par des associations, se sont mobilisées et ont déposé un recours en justice. 

De ce fait, ce sont soixante-six mères qui se sont présentées devant le tribunal de Padoue.

Avec un objectif précis : ne pas être effacées de l’acte de naissance de leurs enfants. 

Après avoir énuméré les noms des enfants concernaient, ces femmes ont arboré un ruban fuchsia, couleur des mouvements féministes et LGBT en Italie.

Des juges doivent examiner leurs cas lors d’audiences, qui ont lieu chaque mardi, jusqu’à Noël.

Pour la plupart de ces femmes, c'était la première fois qu'elles se retrouvaient devant un tribunal.

En Italie, aucune loi ne condamne l’homophobie.

Le mariage homosexuel n'existe pas.

Du fait que la Procréation Médicalement Assistée est interdite aux couples lesbiens, aucune loi ne garantit la reconnaissance des enfants. 

Jusqu’ici, les agents de l’état civil acceptaient d’inscrire le nom de la deuxième mère sur les actes de naissance.

Le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni s’est emparé de ce vide juridique.

Principalement, pour s’acharner contre son ennemi numéro deux : les homosexuels. 

L'ennemi numéro un étant les migrants.

Giorgia Serughetti, chercheuse en philosophie politique, analyse la situation.

"La famille dite traditionnelle est l’un des piliers fondateurs de la droite radicale italienne. Avec l’idée qu’il y a un peuple natif, un ordre naturel à défendre pour préserver la nation italienne. Et que le droit des natifs prime sur celui des étrangers et des minorités. Maintenir ces inégalités est important pour préserver l’ordre. C'est une matrice qui s’applique à différents niveaux : sur la politique migratoire, les LGBT, mais aussi les plus précaires. En réalité, tous ceux qui sont à la marge de la société".

En grabe difficulté sur la question migratoire, Giorgia Meloni multiplie les attaques contre la communauté LGBT pour rassurer son électorat. 

En plus de la circulaire sur la non-reconnaissance du deuxième parent, elle a annoncé sa volonté de faire de la Gestation Pour Autrui un "crime universel".

Elle s’oppose farouchement à un règlement européen visant à faciliter la reconnaissance des familles homoparentales.

De quoi creuser une fracture de plus au sein de la société italienne. 

Pour les mères de Padoue, la décision des juges est attendue début 2024.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

07|07 ➤ BOUCHES-DU-RHÔNE ➤ Plongée dans un lieu clandestin peuplé de transgenres...

18/03 ▒ PARIS ▒ Agression homophobe dans un bar...