30|06 ➤ RUGBY ➤ Ex-All-Black et homosexuel : ça se vit bien, en fait...

Campbell Johnstone est un ancien joueur du Biarritz Olympique.

Aujourd'hui, il est le premier "All-Black" à révéler son homosexualité.

L’ex-pilier international Néo-Zélandais s’est confié dans le quotidien, "L’équipe".

En début d'année, à l’âge de 43 ans, que Campbell Johnstone a décidé de sauter le pas.

"J’étais en paix avec moi-même depuis quelque temps. Et je pensais qu’en parler en public allait définitivement fortifier cette paix intérieure, tout en faisant disparaître le peu d’anxiété qui pesait encore sur moi. Avant ça, je n’étais pas assez fort mentalement et pas assez heureux pour être cette personne. J’en suis donc venu au fait que, si je venais à faire mon coming-out, j’aiderais les gens et resterais dans cette sphère, qui me permettrait d’agir en faveur de la communauté LGBT. Je ne voulais pas raconter mon histoire et retourner dans l’anonymat. Ça n’aurait aidé personne".

C’est vers ses 16 ans que Campbell Johnstone a compris qu’il n’était pas hétérosexuel.

"J’étais au lycée. Mon groupe d’amis parlait de la beauté de telle ou telle fille. Et pendant que les autres parlaient, je me disais que c’était plutôt les garçons qui étaient beaux ou attirants. C’est l’une des premières fois où j’ai songé à l’homosexualité. Je me souviens avoir refoulé ces pensées pour me concentrer sur les cours et le rugby. J’espérais que ça ne reviendrait pas. Mais, quand tu grandis, tu vis des choses, tu changes, tes sentiments évoluent. Et puis, ces pensées reviennent et deviennent plus fortes. À un moment, tu sais que c’est inévitable. Malgré ça, j’ai quand même continué à les repousser".

Alors, il essaye d'avoir des "petites amies".

"Ça m’est arrivé. Sortir avec des filles, avoir des copines de temps en temps, c’est une envie de rentrer dans la norme, de déguiser la vérité avec ce que fait tout le monde. Aussi, tu n’es jamais sûr à 100% d’être gay. Tu te dis : peut-être que je le suis, mais peut-être pas, c’est peut-être passager".

Dans la foulée, il explique pourquoi il a caché son homosexualité jusqu’à présent. 

"Ça ne correspondait pas à mon monde idéal. J’avais cette vision de ce qu’un All Blacks idéal devait être : hétéro, viril, fort, qui boit de la bière et tout ça. Quand l’homosexualité est entrée dans l’équation, je me disais que ça ne faisait pas partie du plan. Ça ne devait pas être là, donc je l’ai repoussée. J’avais plutôt peur que ça me détourne de mes objectifs, comme être sélectionné, faire un bon match ou une bonne saison. C’était une bataille interne entre moi et moi-même, plutôt que contre les gens autour de moi, puisqu’au final, les quelques personnes à qui j’ai confié la chose n’étaient pas surprises et en ont fait un non-événement. Il y a des personnes qui rencontrent des problèmes après avoir fait leur coming-out. Moi, j’ai eu la chance de n’avoir que des gens bienveillants autour de moi".

Longtemps, Campbell Johnstone a jonglé entre le positif et le négatif.

"Je mettais mes erreurs sportives sur le compte de l’homosexualité. Et dans le même temps, j’utilisais ce côté gay pour gonfler ma motivation à atteindre mes objectifs, pour m’entraîner plus dur et mieux me concentrer. Ce n’était vraiment pas la bonne méthode. Ce n’est que plus tard que j’ai compris que cette haine de soi motivante était inutile. Il faut une motivation positive pour avancer. Tu as toujours plus de bienfaits en utilisant cette méthode. Il faut juste du temps pour s’en rendre compte".

Côté famille, il est heureux que tout se soit bien passé.

"Je devais être dans la vingtaine. Mes parents ont été les meilleurs parents possibles. Je savais que si j’avais leur soutien, tout serait un peu plus facile, j’aurais moins d’anxiété, de stress. Pour eux, ce n’était pas une surprise. Ma mère avait l’air de déjà le savoir. Je ne pouvais pas rêver mieux comme réaction".

Désormais, Campbell Johstone veut lutter contre certaines formes de langage dégradant.

"Il y a toujours des stéréotypes ou des préjugés. On entend parfois : arrête d’être une femmelette ou arrête de faire ta poule mouillée. Maintenant, ça s’est estompé. Il y avait aussi quelques jurons, mais cela a tendance à disparaître des terrains. Ces changements dans les attitudes permettent de mesurer l’évolution de notre sport dans la prise de conscience sur le poids des mots".

Pour conclure dans un sourire, il confie que ce coming-out n’a pas vraiment changé grand chose à sa vie.

"C’est plutôt mon image publique qui a évolué. Mon homosexualité a été bien acceptée par un grand nombre de personnes. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien et j’ai eu la chance de lire énormément d’histoires similaires à la mienne. L’exposition médiatique me permet aussi d’en parler dans des conférences ou dans des réunions avec les clubs. J’évoque principalement la notion de respect de l’autre pour rendre tout le système un peu plus inclusif".

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