29|03 ➤ POLITIQUE ➤ De plus en plus seul : volontairement ou pas ?

Enfermé entre les quatre murs de l'Élysée.

Emmanuel Macron a refusé de saisir une main tendue par les syndicats.

Façon de s'isoler de plus en plus, protégé par les institutions de la Vème République, qui contribuent à le réduire à un tête-à-tête avec la colère de la rue.

L'intersyndicale, opposée à la réforme des retraites, a appelé l'exécutif à mettre en place une "médiation pour trouver une sortie de crise".

L'Élysée à dit "non" !

Quant à la demande de mettre le texte sur "pause", l'Élysée a dit "non" !

Le dialogue de sourds continue donc.

Le président assure tendre la main aux syndicats.

Sur tous les sujets, sauf sur les 64 ans.

"Si on part sur une pause d'un mois et demi et une médiation, au final on ne fait pas passer la réforme" souligne une source gouvernementale.

L'exécutif choisit donc de "faire le dos rond" en attendant que le Conseil constitutionnel rende sa décision sur la réforme.

Ce sera le vendredi 14 avril 2023, en fin de journée.

Si, justement, le chef de l'État peut se permettre de "faire le dos rond", c'est qu'il est largement protégé par la Constitution qui lui attribue des pouvoirs importants.

Le régime, dit "semi-présidentiel", prévoit en effet que le Premier ministre est responsable devant le Parlement, contrairement au président.

Or, dans la pratique, c'est le président le véritable chef de l'exécutif.

La France connaît une situation où la personne qui dirige le pays est irresponsable politiquement.

Emmanuel Macron ne disait pas autre chose en affirmant, au moment d'opter pour l'article 49.3 de la Constitution, qu'il n'était pas "celui qui risque sa place ou son siège".

Sauf que...

Autant de protection peut mener à un isolement.

Ces derniers mois, il n'a quasiment pas quitté le 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris.

Certains, dans son entourage, décrivent des "amis qui n'osent lui dire en face, quand il fait fausse route".

En outre, des fissures apparaissent dans son camp.

Le MoDem a apporté son soutien à la médiation réclamée par les syndicats.

Une impression d'isolement que les oppositions s'empressent d'amplifier.

Olivier Faure, patron des socialistes, voit "un président complètement sourd et aveugle, qui ne comprend pas son pays".

Cette critique fait écho à ce qu'Emmanuel Macron, alors candidat à l'Élysée, dénonçait en 2017.

"Ce qui alimente la colère ou le rejet de nos concitoyens, c'est la certitude que le pouvoir est aux mains de dirigeants, qui ne leur ressemblent plus, ne les comprennent plus".

Finalement, en 2023, il maintient, coûte que coûte, une réforme rejetée par une écrasante majorité de Français.

"Rien n'oblige le président au pouvoir à avoir une vision aussi verticale de son rôle" estime Camille Bedock, politologue.

"Il a une pratique des institutions qui s'est confirmée année après année, avec un rapport très conflictuel aux corps intermédiaires. Qu'il s'agisse des syndicats ou des autres pouvoirs, comme le Parlement. Cela conduit à un blocage. D'autant que l'exécutif n'a pas pris la mesure du paysage politique issu des législatives, avec trois pôles totalement irréconciliables, et continue de gouverner comme s'il avait encore une majorité absolue".

Résultat : la situation dégénère en un face à face entre le pouvoir et la rue.

"Parce que les corps intermédiaires n'ont pas vraiment pu jouer leur rôle et qu'il n'existe plus d'arène pour une confrontation canalisée" conclut-elle.

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