16/09 ▒ DÉCÈS ▒ Robert REDFORD avait 89 ans.

Il était celui qui avait cette harmonie entre beauté et intelligence.

Robert Redford s’est éteint à l’âge de 89 ans.

À ses débuts, il renvoie l’image éclatante de la jeunesse californienne des années 50 : blond et sportif.

Avec ce sourire craquant qui n’appartient qu’à lui.

Tout son parcours fera de lui une personnalité morale et politique d’une rare cohérence, artiste et citoyen engagé dans la défense de l’environnement, des libertés civiles, de l’indépendance de la création.

Né le 18 août 1936 dans un quartier populaire de Santa Monica, Robert Redford connaît la pauvreté.

Les années de formation montrent des influences complexes. 

Le jeune Californien est fasciné par l’Irlande de sa grand-mère.

Sa mère lui donne l’amour des grands espaces et l’envie de défendre le rêve américain dans ce qu’il a de plus grand. 

Adolescent, il part étudier les Beaux-Arts en France et en Italie.

À vingt ans, Robert Redford est à Paris.

Une période sans argent, mais avec pas mal d'alccol.

"On était au lendemain de l’affaire de Suez. Les Français n’aimaient pas les Américains. C’est la première fois que j’ai été amené à réfléchir sur les événements internationaux" expliquait-il.

À son retour en Amérique, il cherche toujours sa voie. 

C'est Lola Van Wagenen qui le sauve de la déprime et de l’alcool. 

Ils se marient en 1958. 

C’est elle qui va l’orienter vers le métier d’acteur, qu’il aborde avec réticence, à Broadway. 

Les difficultés financières prennent fin avec "Daisy Clover", en 1965.

Robert Redford incarne le séducteur cynique de Natalie Wood. 

Ensuite, il enchaîne avec "La poursuite impitoyable" en 1966.

Il fait la connaissance de Sydney Pollack qui lui offrira quelques-uns de ses meilleurs rôles : "Jeremiah Johnson", "Nos plus belles années", "Les trois jours du Condor", "Le cavalier électrique", "Out of Africa" et "Havana".

Le vrai triomphe arrive en 1970 avec "Butch Cassidy et le Kid".

Robert Redford devient aussi populaire que son prestigieux partenaire, Paul Newman. 

L’année suivante, il sera "Gatsby le Magnifique".

Robert Redford peut savourer la gloire et la fortune. 

Son image de beau blond charmeur fait rêver dans les magazines.

Ce qui l’agace.

"Moralement, je me sens plutôt brun !" lançait-il.

Dès les années 70, Redford devient producteur.

C’est l’époque de la contestation et de l’engagement.

Il affiche sa haine pour Richard Nixon et fait un coup d’éclat en produisant et interprétant "Les hommes du président" d’Alan J. Pakula.

Film sur le "Watergate". 

Il tenait à un film qui explore l'histoire avec le point de vue des journalistes.

En 1980, il signe son premier film, "Des gens comme les autres", qui remporte quatre Oscars.

En 1998, il réussit un gros succès avec "L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux".

Dans le rôle titre de dresseur guérisseur, il représente l’accord subtil avec la nature face aux raideurs de la société.

En 1991, il passe à nouveau derrière la caméra pour un immense succès : "Et au milieu coule une rivière".

Ce film est le plus lyrique des films de Robert Redford.

Il travaille, pour la première fois, avec Brad Pitt.

Derrière la caméra, il sublime la beauté sauvage du Montana.

Peu à peu, il prend conscience des enjeux climatiques et de l'environnement.

En 1980, il crée le "Sundance Institute", destiné à favoriser le jeune cinéma indépendant, loin des grands studios. 

Politiquement, sa vision est claire. 

Il revendique pleinement son rôle d’influence.

"La politique est une part importante de nos vies, mais je peux mieux faire entendre ma voix en restant neutre. Parce que je suis très critique sur le système".

Pour lui, les médias américains sont partagés en deux camps, libéral et conservateur, qui réagissent l’un par rapport à l’autre. 

Robert Redford refuse alors de devenir l’otage de l’un de ces deux camps.

"J’aime les gens qui font l’effort de devenir conscients. J’ai grandi avec une envie forte d’indépendance. Je ne voulais appartenir à aucune organisation, aucun parti, aucun courant de pensée. Ça a toujours fait partie de ma vie".

En 2015, invité à l’ONU sur le réchauffement climatique, il se présente comme "un acteur, un père, un grand-père et un citoyen responsable".

La même année, il vient à l’Unesco défendre les cultures des peuples autochtones.

Tout au long de sa carrière, Robert Redford aura mis son talent, son charme et son humour, au service d’une vision large de l’existence.

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