12/09 ▒ JUSTICE ▒ L'homophobie n'étant pas prouvée, pas de condamnation...
Ils défilent, chacun leur tour, devant les magistrats de la Chambre d'instruction de Rennes, en Ille-et-Vilaine.
Trois garçons, mains moites et regard fuyant.
C'est l'aboutissement de gardes à vue, auditions et mise en examen pour des faits graves.
Ce n’est pas seulement les magistrats qui les intimident.
C’est ce qu’ils risquent qui les effraye.
Ils sont jugés pour avoir tendu des guets-apens homophobes dans le secteur de Nantes, en Loire-Atlantique, cet été.
Ces trois jeunes majeurs s’avancent libres devant la cour d’appel.
Cette liberté ne tient qu’à un fil.
Le parquet tient à les envoyer en prison.
Pour commencer, l’avocate générale leur passe un savon.
Le réquisitoire est surtout moral, alors que le mobile de l’orientation sexuelle des victimes semble désormais plus incertain.
"Ces affaires sont une mode sinistre. Des jeunes majeurs qui se croient autorisés à mettre en place des pièges contre ceux qu’ils identifient comme des pédophiles, sans qu’on sache forcément si c’est ce qu’ils visaient. Ils se croient plus compétents que les forces de l’ordre. C’est beaucoup moins noble et reluisant quand on regarde le dossier. Ces faits, c’est davantage un défouloir".
À ce stade, trois victimes ont été identifiées.
Contactées sur une application de rencontres homosexuelles, elles se rendaient à un rendez-vous convenu.
Sauf que...
Elles tombent sur plusieurs individus armés d’un marteau, d’un maillet, parfois d’un cutter.
Des centaines d’euros sont voléées.
Les trois jeunes agresseurs se filment en train de boire de l’alcool financé avec l’argent de leurs proies.
Pour appâter leurs victimes, ils utilisaient le profil d’un adolescent de 15 ans.
Une enquête pour "corruption de mineurs" a donc été ouverte contre les victimes.
Les trois jeunes accusés ont contesté formellement le caractère homophobe de leur stratagème.
Selon leurs dires, ils se voyaient comme des "justiciers".
Il y a trois victimes connues, mais les vidéos saisies sur les téléphones prouvent qu’il y en a d’autres.
"Quand j’ai vu le premier article dans la presse, j’ai pris peur. J’ai dit aux gars que j’arrêtais tout. J'en suis pas fier", lance un des jeunes hommes.
"J’ai honte de ce que j’ai fait" murmure un autre.
"C’est une erreur de jeunesse" plaide l'avocate de la défense.
Elle se dit "persuadée qu’ils n’ont pas leur place en détention. Celui qui connaît le mieux le dossier, le juge d’instruction, nous dit qu’il n’y a aucun risque de déperdition des preuves, de concertation".
Au final, les magistrats ont décidé de placer les trois suspects sous un contrôle judiciaire strict.
"J’ai été traumatisé par la garde à vue. Plus jamais je ne ferai de choses qui pourraient m’amener devant la police" conclut un des trois jeunes.
Commentaires
Enregistrer un commentaire