10/09 ▒ SLOVAQUIE ▒ Utiliser la Constitution pour effacer les LGBT...
Depuis son retour au pouvoir en tant que Premier ministre, Robert Fico a engagé une trajectoire inquiétante.
Il multiplie les offensives pour restreindre les droits des LGBT et imposer une ligne conservatrice à la vie culturelle.
"Au nom de la protection des traditions et d’une souveraineté nationale opposée aux normes européennes".
Au printemps dernier, son gouvernement populiste a proposé un amendement à la Constitution.
Il prévoit de limiter la reconnaissance légale à deux sexes, "homme" et "femme".
L’adoption serait réservée aux couples hétérosexuels mariés.
Une clause de primauté du droit slovaque serait mise en place pour contrer le droit européen dans les domaines de la famille, l’identité et la morale publique.
Le texte inclut également une disposition de "clause de conscience".
Elle permettrait à un professionnel de refuser un acte légal, comme un soin ou un service.
Une mesure qui pourrait restreindre l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse et aux soins pour les LGBT.
Prévu cet été, le vote devrait avoir lieu ce mois-çi.
Reste à trouver une majorité pour adopter ces dispositions.
Robert Fico affirme son intention de faire adopter la réforme par tous les moyens.
"Amnesty International" et le "Conseil de l’Europe" dénoncent "une régression majeure, qui écraserait les droits des minorités".
De son côté, la ministre de la Culture "fait le ménage".
Elle vient de limoger plusieurs figures majeures du secteur.
Dont, un directeur de théâtre et la directrice de la "Galerie nationale".
Les deux sont accusés de "promouvoir une idéologie progressiste".
Enfin, les subventions sont supprimées pour tout projet lié à la communauté LGBT.
Ces décisions ont déclenché des manifestations.
Les milieux artistiques dénoncent "une volonté d’imposer une ligne unique et de réduire au silence les expressions jugées dissidentes".
Pour l’Europe, l’enjeu est crucial.
En effet, cette trajectoire rapproche la Slovaquie de la Hongrie et de la Pologne.
Sur le plan juridique, l’affirmation de la primauté du droit national remettrait en cause tout le bien-fondé de l'Europe.
Sur le plan politique, ces reculs fragilisent sa crédibilité, lorsqu’elle se pose en garante des libertés.
Si le Parlement finit par adopter la réforme, la Slovaquie deviendrait le premier État membre à inscrire la discrimination comme valeur constitutionnelle.
Des appels circulent déjà pour interpeller les eurodéputés et organiser des rassemblements symboliques devant les ambassades slovaques, afin de rappeler que la protection des minorités est une valeur centrale de l’Union.
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