09/09 ▒ TURQUIE ▒ Contre toute attente, le jeune militant LGBT a été libéré...
Le tribunal correctionnel d’Ankara a ordonné la libération sous contrôle judiciaire d’Enes Hocaoğulları.
Ce militant LGBT et défenseur des droits humains avait été arrêté début août.
Il reste poursuivi pour "diffusion de fausses informations".
Un chef d’accusation régulièrement utilisé par les autorités pour museler les voix dissidentes.
Le 5 août, Enes Hocaoğulları avait été placé en détention préventive à la prison.
Quelques mois plus tôt, il s’était exprimé devant le Congrès du Conseil de l’Europe, à Starsbourg, pour dénoncer les atteintes aux libertés fondamentales en Turquie, les arrestations d’élus locaux et les violences policières lors de manifestations étudiantes.
Ses déclarations avaient suscité la colère du gouvernement turc, qui les avait qualifiées de "trompeuses".
Sa mise en accusation avait immédiatement déclenché une vague de solidarité.
"Amnesty International", "ILGA-Europe", entre autres, avaient dénoncé "une criminalisation de la liberté d’expression".
En France, plusieurs associations LGBT, dont "STOP homophobie", avaient cosigné une tribune réclamant sa libération immédiate.
En outre, le Conseil de l’Europe et le Parlement européen avaient également interpellé Ankara pour obtenir la libération du jeune homosexuel.
Hier, la justice a finalement décidé de le remettre en liberté en attendant son procès fixé au 23 février 2026.
Enes Hocaoğulları doit se présenter régulièrement aux autorités.
Mesure destinée à maintenir la pression judiciaire.
Jean-Marc Berthon, ambassadeur français chargé des droits LGBT, a salué cette décision.
"Enes Hocaoğulları a été libéré à l’issue de la première audience de son procès, à laquelle j’ai tenu à assister. Je me réjouis de cette libération. La liberté d’expression est un droit fondamental que tous les États membres du Conseil de l’Europe se sont engagés à respecter".
De son côté, un militant LGBT turc parle d’une "audience inhabituelle".
"Le procureur, censé soutenir l’accusation, s’est rangé du côté de la défense. Il faut y voir la preuve qu’il n’y avait rien de solide dans le dossier. Ou alors, c'est la volonté des autorités de montrer à l’international que la justice turque, très critiquée, peut parfois donner des gages de normalité".
Au-delà du soulagement, ce procès a marqué un moment rare d’unité.
Toutes les associations LGBT étaient présentes à l’audience.
Elles étaient venues soutenir Enes Hocaoğulları et affirmer collectivement leur "détermination face à un climat de répression croissante".
Son cas illustre la fragilité des libertés publiques dans le pays.
La législation sur la "désinformation" sert de levier répressif contre journalistes, étudiants, militants écologistes ou LGBT.
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