10/06 ▒ SANTÉ ▒ Un espoir dans la lutte contre le Sida, mais...
Pourquoi, après des années de recherche mondiale intensive, les scientifiques n'ont pas encore réussi à trouver comment guérir les personnes infectées par le VIH ?
Si la réponse est complexe, l'une des barrières pourrait avoir été franchie.
Des chercheurs ont réussi à trouver deux méthodes pour forcer le virus du Sida dormant à s'activer.
C'est ce que révèle une étude publiée dans la revue scientifique, "Nature communications".
À ce jour, ces techniques ont été testées "in vitro".
Bien que les résultats soient encourageants, on ne sait pas encore si elles fonctionneront sur l'être humain.
Aujourd'hui, il est possible d'empêcher la réplication du virus à l'aide de médicaments : les antirétroviraux.
Ils permettent à une personne atteinte par le VIH de vitre une vie normale.
Mais, ces traitements ne détruisent pas le virus.
Il a toujours la capacité de créer des "réservoirs" au sein de l'organisme.
Ce sont des "traces endormies" du virus, prêtes à reprendre leur reproduction à l'arrêt du traitement.
Dans cette phase, le VIH est invisible aux yeux de notre système immunitaire, inoffensif, mais impossible à détruire.
Cette récente découverte, émanant de chercheurs australiens, met en lumière deux méthodes pour réveiller le VIH.
De quoi ouvrir la voie à son élimination.
"L'objectif est d'aller réveiller ce virus dormant qui forme des réservoirs. Le réveiller pour qu'il puisse sortir des cellules qu'il a infecté de manière latente. Si on y arrive, on peut le détruire. Soit avec des antirétroviraux, soit avec d'autres approches d'immunothérapie. Certains anticorps ont montré être très efficaces contre le VIH" explique Victor Appay, chercheur en immunologie.
Le faire sortir ?
Comment ?
Les chercheurs ont démontré l'efficacité de deux méthodes de pointe.
D'une part, la technologie bien connue du grand public : l'ARN.
De l'autre, ce qu'on appelle des "ciseaux génétiques", procédé qui permet de modifier de manière infiniment précise un gène.
Dans ce scénario, l'idée est de forcer l'activation du VIH.
Dans les deux cas, le but est le même.
Forcer l'indésirable latent à s'activer et à réapparaître dans les radars.
D'autres approches moins ciblées ont déjà été testées sans montrer de résultats probants.
Avec cette nouvelle méthode, on observe 60 à 80% de réactivation du virus endormi.
Les chercheurs s'accordent à dire que, sur le plan technique, les méthodes décrites sont intéressantes.
Du côté des spécialistes français, on reste plus prudent.
"L’approche est technologiquement originale et intéressante. Pour l'instant, il est tout à fait prématuré de dire s'il va y avoir une application clinique, parce qu'on ne connaît pas la capacité de ces nouvelles nanoparticules à atteindre leur cible cellulaire et de réactiver le virus dans l’organisme" explique un spécialiste.
"Je dirais que c'est très élégant, novateur. Ils utilisent des outils qu'on connaît bien depuis seulement quelques années. C'est une belle avancée technologique, c'est prometteur. Mais, je ne veux pas dire que c'est révolutionnaire. On est encore bien loin de démontrer que c'est efficace tant chez des modèles animaux que chez l'être humain. Il y a encore plusieurs barrières à passer" relativise également Victor Appay.
Les questions en suspens restent nombreuses.
Le procédé fera-t-il ses preuves chez l'être humain ?
Serons-nous vraiment en capacité d'éliminer la totalité ou une portion suffisante du virus pour éviter une résurgence ?
Avec quels effets ?
Autant de questions qui vont nécessiter de longues années de recherche supplémentaires.
La bataille n'est pas encore gagnée.
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