27/05 ▒ LOIRET ▒ Polémique autour d'une marche LGBT jugée trop sage...
Le 17 mai dernier, à Orléans, la "Marche pour l’Égalité et contre les discriminations LGBTphobes" était organisée par le "GAGL45", association LGBT.
Un succès puisque plus de 2 000 personnes étaient présentes.
Sauf que...
Cet événement fait débat.
Certains auraient aimé qu’il soit plus politique, voire plus radicale.
Que ce rassemblement devienne une vraie "Marche des Fiertés".
Les Gay Pride ont vu le jour suite à des combats de la communauté LGBT aux États-Unis.
L'exemple du "Stonewall" en est un.
Les LGBT entendaient défendre leurs droits et occuper l’espace public.
Une origine profondément militante.
Aujourd'hui, à Orléans, beaucoup estiment que ce côté militant était absent du rassemblement du 17 mai dernier.
"Le GAGL 45 organise une marche qui lui ressemble. Le cheval de bataille du Groupe d’Action Gay et Lesbien du 45, c’est cette fameuse marche" assène Mélanie Rocher, présidente de l'association.
Le 17 mai dernier, elle en avait rappelé la dimension politique.
"Aujourd’hui, ensemble, marchons pour la reconnaissance pleine et entière des droits des personnes LGBT, pour l’éducation à la tolérance et au respect et contre toutes les formes de haine. Mais, n’oublions pas que cette marche ne se termine pas aujourd’hui, qu’elle continue chaque jour dans nos actions, nos paroles et notre engagement".
Un grand nombre de participants a apprécié l’événement tel qu’il était.
D’autres, en revanche, l’ont jugé trop sage.
Ils lui reprochent son manque de militantisme.
"La Quinoa", drag-queen, s’est dite déçue de cette marche, la qualifiant de simple promenade.
Elle a regretté qu’elle soit si éloignée des revendications portées à l’origine.
Un sentiment loin d’être isolé.
"La Pride doit être politique, parce que nos vies sont politiques" lance Lorène, animatrice et conseillère conjugale et familiale au "Planning Familial 45".
"On voit bien ce qu’il se passe en ce moment. Les droits des personnes LGBT sont enfreints. On ne peut pas juste aller dans la rue et marcher paisiblement. On se doit de prendre de la place et d’être visible".
Une exigence qui s’exprime aussi face à la montée préoccupante de l’extrême droite.
En Europe, comme aux États-Unis.
Le "GAGL 45" l'a rappelé à travers une exposition sur la déportation homosexuelle lors de la Seconde Guerre mondiale.
"Cette montée de l’extrême droite m’effraie" confie Clémentine, membre du "Planning familial 45".
"Les risques sont réels. Ce ne sera plus un autocollant qu’on retrouvera sur la boîte aux lettres du Planning demain. Ce sont nos murs qui seront cramés. Voire nous-même au moment de sortir de nos locaux".
D’où la volonté d’aller plus loin que de simples panneaux d’affichages lors de cette journée internationale de luttes.
"Ce qu’il manquait, lors de cette marche, c’était une convergence des luttes. La marche ne peut pas être un simple défilé. Elle doit s’ancrer dans des revendications plus larges" estime l’Union Étudiante d’Orléans, qui rappelle "qu’on ne peut pas défendre les droits des personnes queers sans y intégrer une dimension intersectionnelle".
"Il faut relier cette marche à la situation en Palestine, au féminisme ou à d’autres luttes sociales. Tous nos combats ne doivent pas être faits seuls. Ça doit être avec plein d’autres, sinon ça ne peut jamais marcher. Sinon, c’est un combat de bourgeois blancs de gauche".
Le monopole exercé par le GAGL45 sur l’organisation de cette journée est donc contesté.
Depuis 2013, l’association organise seule ce qu’elle appelle la "Marche pour l’Égalité contre les LGBTphobies".
Nombreux sont ceux qui voudraient qu'elle porte le nom de "Marche des Fiertés".
"La Quinoa" regrette le manque de représentations inclusives, avec la seule présence de drapeaux LGBT classiques.
Elle pointe le contrôle exercé par le GAGL45.
"Un des principaux problèmes, c’est qu’ils ont le monopole et qu’ils veulent le garder. On se demande presque si ce n’est pas une marche promotionnelle pour le GAGL" dénonce-t-elle.
Par le passé, le GAGL 45 a essayé de co-organiser cette marche par le passé.
Mais, de nombreux problèmes liés à l’organisation étaient apparus.
De ce fait, l’association veut, aujourd’hui encore, rester maître de son organisation.
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