22/05 ▒ LIRE ▒ Des violences en cuisine ? Les chefs disent "non"...
Faut-il souffrir pour faire partie du cercle de la gastronomie française ?
Un ouvrage dénonce une violence généralisée en cuisine.
Ce que contestent les grands noms du milieu.
À l'aide d'une cinquantaine de témoignages anonymes, Nora Bouazzouni, journaliste, publie "Violences en cuisine, une omerta à la française".
Elle évoque "le mythe de la gastronomie française : La haute cuisine exige ça. Donc, c’est normal de souffrir".
Horaires à rallonge et illégaux, insultes et humiliations répétées, violences physiques et sexuelles.
La plupart des témoins n’a jamais porté plainte ou n’en a jamais parlé.
Une illustration de la culture du silence du secteur, même si les choses ont un peu évolué ces dernières années.
Les chefs ciblés sont parfois des "étoilés" très médiatiques.
Ceci dit, aucun nom ne figure dans l’ouvrage.
"C’est trop facile de sacrifier deux ou trois personnes pour faire semblant de faire le ménage" estime Nora Bouazzouni, qui appelle à la création d’une commission parlementaire semblable à celle créée pour les violences dans la culture.
Niant tout lien avec la sortie du livre, un collectif d’une soixantaine de chefs a lancé une opération nommée "Cuisines ouvertes".
Elle est assortie d’un manifeste pour "présenter au public les mesures concrètes qui favorisent la qualité de vie au travail".
"Il y a eu des soucis à une époque, je ne dis pas le contraire. Mias, de moins en moins aujourd’hui. On est tous quand même assez évolués pour comprendre que la vie a changé" assure Arnaud Lallement, chef triplement étoilé.
Également signataire de ce manifeste, Fanny Rey assure "n'avoir jamais vu, ni subi de violences en cuisine".
"Pour moi, le travail est beaucoup mieux fait dans une ambiance détendue. Mais, c’est vrai qu’il y a toujours le respect de la hiérarchie qui est en place. C’est un métier difficile qui demande de la discipline. Mais, ça ne veut pas dire de la violence ou de l’agressivité" explique-t-elle.
Nora Bouazzouni n'est pas de cet avis.
"Ouvrir ses cuisines au public, c’est comme ouvrir ses cuisines aux caméras. Ça ne garantit en rien une forme de transparence sur les conditions de travail des gens. C'est une drôle de coïncidence. La sortie de ce manifeste à la veille de la commercialisation de mon livre".
Si elle admet qu’il existe des "problèmes inadmissibles en cuisine, qui doivent être dénoncés", Fanny Rey dénonce "un livre qui va semer la zizanie".
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