03/02 ▒ HISTOIRE ▒ Homosexuels et Tsiganes, boucs-émissaires des nazis...
Si les juifs furent visés par la "Solution finale", expression utilisée par les nazis pour évoquer la Shoah, d'autres communautés furent également victimes de persécutions sous le IIIème Reich.
Le projet hitlérien, qui visait à "purifier la société allemande au nom de la défense de la race aryenne", a conduit à la persécution de plusieurs minorités.
Les Tsiganes ont ainsi payé un lourd tribut pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ils ont, eux aussi, été victimes d'un génocide.
On estime entre 220 000 et 500 000 le nombre d'entre eux à avoir été assassinés en déportation.
Soit plus du quart de la population totale des Roms qui vivaient en Europe.
Si l'Allemagne a reconnu ces massacres en 1982, il a fallu attendre 2009 pour que ces exécutions de masse soient reconnues par le Conseil de l'Europe pour ce qu'elles sont.
Car il s'agissait bien d'une tentative d'éradication du peuple Rom.
Claire Auzias, historienne, a montré que l'Allemagne n'est pas seule en cause ici.
La Roumanie fasciste a aussi déporté, en masse, ses Tsiganes.
Elle les forçait à s'installer en Transnistrie.
Leur "nomadisme" et les préjugés qui entouraient ce mode de vie furent le prétexte à une sédentarisation forcée qui n'était rien d'autre qu'une relégation des Roms.
36 000 d'entre eux moururent de faim, de froid ou de maladie.
En France, à la même époque, une politique systématique de persécution à l'encontre de ce peuple a également été conduite.
L'internement des Roms a eu lieu dans plus d'une trentaine de camps.
Pourtant, un seul monument rappelle que des milliers de Tsiganes furent déportés et assassinés.
Inaugurée en 2016, une statue a été installée à Saint-Sixte, dans le Lot-et-Garonne.
Le 26 juin 1944, la division SS Das Reich y exécute trois familles Rom, qui s'étaient installées là.
L'unique lieu de mémoire, qui est dédié au peuple Rom, est situé dans le camp de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire.
C'était le plus grand camp géré par les autorités françaises.
6 000 gens du voyage y ont été internés entre 1940 et 1944.
Si les choses avancent peu à peu, les recherches sur le sujet restent encore bien modestes.
"Nous avons pris beaucoup de retard en matière d'études sur l'histoire de l'antitsiganisme" regrette Ilsen About, chargé de recherche, qui a organisé une grande exposition sur le sujet aux "Rencontres de la photographie d'Arles" 2023.
Autre persécution à avoir longtemps été tue : celle des homosexuels.
La politique de répression des autorités allemandes à leur endroit fut pourtant féroce.
Le Code pénal allemand criminalisera l'homosexualité jusqu'en 1994.
On estime qu'entre 50 000 et 100 000 personnes ont été poursuivies pour "homosexualité".
Des centaines ont été déportées.
S'ils ne furent pas gazés comme les Juifs ou les Tsiganes, le sort réservé aux homosexuels étaient d'une rare violence.
Travaux forcés et expérimentations médicales provoquèrent la mort de deux tiers d'entre eux dans les camps de concentration.
Là encore, l'État français participa de manière active à ces persécutions en adoptant une réglementation spécifique.
La loi du 6 août 1942 durcissait la répression contre les homosexuels.
Les sanctions juridiques discriminatoires les frappaient d'emprisonnement et fortes amendes.
Le Code pénal qualifiait l'homosexualité de "débauche".
En Allemagne, des mesures spécifiques ont également été prises à l'encontre des handicapés.
Entre 1939 et 1945, 300 000 malades et handicapés mentaux ont été assassinés sous couvert dans les territoires contrôlés par les nazis.
Ces opérations avaient pour but de supprimer des "vies indignes d'être vécues", selon les termes nazis.
Dans les territoires occupés de Pologne et d'Union soviétique, des commandos spéciaux se chargèreaient de ces opérations d'extermination.
Leur idéal était de "purifier l'organisme du peuple allemand de ceux qui ne représentent qu'un poids mort".
L'histoire complexe des persécutions mises en place par l'administration nazie montre comment le régime hitlérien cibla tous les groupes qu'elle considérait comme "indésirables".
La diversité des victimes, comme des méthodes employées à leur encontre, témoigne de la réalité totalitaire du IIIème Reich.
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