02/12 ▒ POLITIQUE ▒ Ambiance tendue au sein du ministère...

Le futur programme nommé, "Éducation à la Vie Affective et Sexuelle", suscite des tensions au sein même du ministère de l’Éducation nationale.

Mercredi, lors d’une intervention au Sénat, Alexandre Portier, ministre délégué chargé de la réussite scolaire, a accusé le projet d’introduire "une prétendue théorie du genre dans les écoles.

Aussitôt, Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale, a fermement démenti.

Tout en rappelant "l’urgence de déployer ce programme attendu de longue date pour permettre aux enseignants formés de le dispenser dès cette année".

Alexandre Portier a exprimé des réserves majeures.

Proche de la droite conservatrice, il a dénoncé "la supposée inclusion de concepts liés à l’identité de genre".

Il a plaidé pour "une stricte supervision des intervenants, afin d’éviter tout militantisme, ainsi qu’une adaptation des contenus à l’âge des élèves".

"Je m’engagerai personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles" a-t-il martelé.

Ces propos ont été largement soutenus à droite.

Des sénateurs ont réclamé l’exclusion de toute référence à ce qu’ils perçoivent comme des "influences wokistes".

Néanmoins, Alexandre Portier a reconnu l’utilité de ce programme face à l’augmentation des violences sexuelles et au besoin d’y répondre.

Alors que la ministre voit dans ce programme "une étape essentielle pour renforcer l’éducation citoyenne et l’égalité", Alexandre Portier s’inquiète des "risques d’une idéologisation des contenus scolaires".

Face aux critiques, Anne Genetet a rappelé qu’elle était seule responsable des politiques éducatives et a défendu la pertinence d’un programme qu’elle juge progressif et essentiel.

"Il n’y a pas d’idéologie dans ce programme. Ce que nous enseignons, c’est le respect, la différence entre fille et garçon et des notions fondamentales comme le consentement. L’école de la République, c’est une école dans laquelle il n’y a pas d’idéologie. Ce programme n’a pas d’idéologie. La théorie du genre n’existe pas. Elle n’existe pas non plus dans ce programme. On apprend la différence fille-garçon, à se respecter pour ce que l’on est. C’est tout".

Pour la ministre, ces enseignements visent avant tout à donner aux élèves des bases solides pour comprendre et interagir de manière bienveillante avec les autres.

Ceci dit, la controverse, au sein du ministère, souligne les difficultés à établir un consensus sur des sujets aussi sensibles. 

Actuellement, moins de 15% des élèves bénéficient de cours d’éducation affective et sexuelle.

Cours pourtant obligatoires depuis 2001.

Le programme EVAS doit être validé par le Conseil Supérieur de l’Éducation avant la fin du mois, pour une adoption rapide et une mise en œuvre rapide.

Au-delà de la caricature idéologique que véhicule l’expression, "théorie du genre", elle sert également à des fins politiques. 

Dans certains pays, elle est utilisée pour s’opposer à des avancées législatives en faveur des droits des femmes ou des LGBT.

En revanche, les études de genre constituent un domaine académique sérieux, qui cherche à approfondir notre compréhension des rôles et identités sociales. 

Contrairement à ce que cette polémique laisse entendre, elles ne se résument pas à une seule perspective, mais sont caractérisées par une diversité d’approches et de réflexions.

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