29/06 ▒ TOURISME ▒ De la difficulté de voyager en toute sécurité...

À 29 ans, Émeric est un féru de voyages. 

Seul, entre amis ou en couple.

Dès qu'il le peut, il part à l'autre bout du monde.

Toutefois, il est bien conscient des limites de ses envies de découverte.

En tant qu'homosexuel, il sait que toutes les destinations ne sont pas sans danger.

"Un voyage, quand tu es gay, ça demande un temps de préparation un peu particulier. Il y a des questions que tu es obligé de te poser, car on ne peut pas mettre les pieds partout".

À ce jour, l'homosexualité est illégale dans une soixantaine de pays.

Dans un certain nombre de pays d'Afrique, les LGBT sont passibles de peines de prison, voire de la peine de mort.

C'est la raison pour laquelle Émeric prend le temps de vérifier les risques avant chaque départ.

La première étape consiste ainsi à se renseigner sur la législation en vigueur.

Viennent ensuite l'ouverture d'esprit et les mentalités de la population locale.

"La base, c'est de vérifier si tu vas débarquer en terrain ami ou non. Je regarde d'abord si, en cas de problème, les autorités locales seraient de mon côté ou pas, puis si les gens sur place tolèrent ou pas, afin d'avoir une idée de comment me comporter".

"La sécurité est un réel sujet d'inquiètude pour les personnes LGBT qui voyagent" abonde Danny Kronström, créateur du guide touristique, "Gay Voyageur". 

"La sécurité est une question très récurrente. Sur notre site, on oriente les voyageurs queer et francophones dans leurs choix de destinations et d'hébergements aux quatre coins du monde. En plus de mettre à disposition des conseils et autres recommandations utiles"

De précieuses ressources existent pour préparer un voyage.

Par exemple, les cartes interactives du site, "Equaldex", qui cartographient l'avancée des droits LGBT à travers le monde. 

En outre, de plus en plus de plateformes de réservation répertorient les établissements LGBT-friendly.

Avant de partir, Marine consulte les sites des ambassades des pays où elle envisage de voyager.

Outre le bouche-à-oreille, cette lesbienne de 35 ans se renseigne aussi sur les sites des guides touristiques, tels que celui du "Routard" ou du "Lonely Planet", qui tiennent à jour une page sur les droits LGBT de leurs destinations.

D'autres prennent la précaution de se déconnecter de leurs réseaux sociaux, afin de ne donner aucune indication de l'endroit où ils se trouvent.

Autre technique : retirer les signes LGBT, tels que les drapeaux arc-en-ciel, pouvant être vus par tous.

Courtney est prudente.

Il y a trois mois, elle et sa fiancée transgenre étaient censées passer leur voyage de noces au Nicaragua.

Elles se sont vues refuser l'entrée sur le territoire.

Bien qu'elles n'en aient pas la preuve formelle, elles attribuent ce refus à leurs réseaux sociaux qu'elles n'avaient pas pris la peine de bloquer.

C'est pour éviter ce genre de mésaventure qu'Émeric élimine les pays politiquement hostiles à la communauté LGBT. 

Même si légalement rien ne l'empêche de s'y rendre.

"C'est une sorte de boycott par principe. Hors de question que je donne le moindre centime à des pays qui oppressent les personnes homosexuelles. Voyager signifie faire tourner l'économie locale et donc cautionner indirectement".

En cas de doute, le jeune homme fait en sorte de dissimuler son homosexualité.

"Même s'il est fatiguant de devoir contrôler ses moindres faits et gestes. Tu développes une sorte de retenue en tant que personne LGBT, quand tu n'es pas trop sûr de qui tu as en face de toi. Tu ouvres l'œil plus que d'habitude".

C'est pour ses raisons que bon nombre de LGBT privilégient la fréquentation de bars, restaurants, hébergements, voire de villes entières, réputés LGBT-friendly.

"C'est important pour moi de soutenir ces lieux que je trouve encore trop rares. Je sais que certains considèrent ça comme du communautarisme. Moi, je considère que c'est de la survie" conclut Émeric.

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