28/06 ▒ POLITIQUE ▒ "La force du RN, ce sont les idées générales. Pas le détail".

À deux jours du premier tour des élections législatives, le Rassemblement national est crédité de 36% d'intentions de vote, selon l'enquête "Ipsos" pour Radio France, France Télévision et Le Monde, entre autres.

"Le vote Rassemblement national n'est plus un vote de seule contestation" analyse Brice Teinturier, directeur général de "Ipsos".

"On est véritablement dans une adhésion aux thèses du Rassemblement national. Dans l'idée que c'est lui qui serait le plus crédible pour améliorer la situation. 56% des personnes interrogées déclarent voter pour le RN par adhésion aux valeurs et aux idées défendues par le parti de Jordan Bardella".

La période du vote de "mécontentement" serait donc révolue.

"Il y a eu une époque lointaine, sous Jean-Marie Le Pen notamment, où des électeurs votaient pour lui tout en souhaitant qu'il ne soit pas élu président de la République. Là, on était dans le vote de mécontentement. L'électeur instrumentalisait une figure, une formation pour exprimer quelque chose, mais ne souhaitait pas l'installer au pouvoir. Aujourd'hui, le vote en faveur du Rassemblement national est de moins en moins honteux, dissimulé, caché" analyse Brice Teinturier.

Autre point expliquant la force du Rassemblement national : le rapport des électeurs du RN aux questions programmatiques. 

"Si l'immigration reste le marqueur prioritaire de l'électorat du RN, il y a maintenant cette idée que, par rapport à d'autres formations politiques, ils feraient mieux que le pouvoir actuel d'un point de vue général" observe Brice Teinturier. 

"Ensuite, ses électeurs prêtent beaucoup moins d'attention aux questions de crédibilité budgétaire et économique, alors que c'est quelque chose de décisif pour les électeurs LR ou Renaissance". 

Au fil de cette campagne, le parti de Marine Le Pen a multiplié les nuances dans son programme.

Avec des revirements en matière économique : retraites, exonération fiscale pour les moins de 30 ans, suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ou encore sur les prix plancher agricoles. 

Selon Brice Teinturier, "cela a très peu d'impact. Ça glisse sur ces électeurs-là. Une contradiction ou une évolution même majeure sur une dimension économique du programme du RN, ça ne joue pas vraiment. La force du RN, ce sont les idées générales. Ce n'est pas le détail de telle ou telle mesure et de leur faisabilité".