21/02 ▒ HISTOIRE ▒ Arménien, résistant et poète, il va faire son entrée au Panthéon...

Ses traits ont marqué une affiche plus connue que son propre nom : "L'affiche rouge".

Propagande nazie antisémite et xénophobe, elle rendait les Juifs responsables d'une série d'attentats contre l'occupant.

Au milieu des dix visages, celui de Missak Manouchian, présenté comme "chef de bande". 

Aujourd'hui, accompagné de son épouse, Mélinée Assadourian, également résistante, il fera son entrée au Panthéon, lors d'un hommage solennel à la Nation. 

Avec eux, vingt-trois compagnons d'armes.

C'est le 15 février 1944 que se déroule une parodie de procès du "groupe Manouchian".

Missak Manouchian est arménien, poète et écrivain, immigré en France et entré dans la Résistance. 

Quelques jours plus tard, le verdict tombe.

La mort pour tous. 

Ils sont fusillés dans la clairière de la forteresse du Mont-Valérien, à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Missak Manouchian a d'abord dirigé les résistants arméniens de la "Main-d’œuvre Immigrée", avant d'être intégré aux Francs-tireurs.

Rapidement, il prend la tête d'un commando.

Avec ses camarades, il réalise une trentaine d'opérations dans Paris, du mois d’août à la mi-novembre 1943. 

Avant d'être arrêté par une brigade des Renseignements généraux français. 

Mélinée Manouchian, passée elle aussi à la résistance armée, en réchappe. 

Elle sera cachée chez ses amis résistants, les Aznavourian, parents de Charles Aznavour.

Né le 1er septembre 1906, Missak Manouchian a vécu son enfance dans le souvenir du massacre de 200 000 Arméniens entre 1894 et 1896. 

En 1915, l'horreur reprend. 

Ses parents font partie du million et demi d'Arméniens qui disparaît dans le génocide commis par l'Empire ottoman. 

Le jeune orphelin rejoint Marseille en 1924. 

Il y apprend la menuiserie et fréquente les universités ouvrières fondées par la CGT. 

Adhérent au Parti communiste français à partir de 1934, il est aussi membre de l'Association des Écrivains Communistes.

En 1941, Missak Manouchian est arrêté lors d'une grande rafle préventive ordonnée par les Allemands à la veille de l'invasion allemande de l'URSS. 

Il sera libéré, faute de charges suffisantes.

Le 16 novembre 1943, il est à nouveau arrêté et exécuté trois mois plus tard. 

À titre posthume, il reçoit la "Médaille de la Résistance" en 1947. 

En 1986, Mélinée Manouchian est ordonnée "Chevalier de la Légion d’honneur".

Elle meurt trois ans plus tard.

Juste avant d'être éxécuté, Missak Manouchian écrit une dernière lettre à son épouse. 

"Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis".

Les amis et descendants des fusillés aux côtés de Missak  Manouchian ont dû attendre 80 ans, jour pour jour, pour que la France, qui les avait bannis de sa mémoire officielle, leur rende hommage.

Pour symboliser leur retour, Emmanuel Macron a choisi la figure du plus célèbre, Missak Manouchian.

Ce choix a suscité la colère de nombreux descendants. 

Ils réclamaient son entrée au Panthéon "avec tous ses camarades, par souci de justice et d'équité".

"L'inscription de leurs noms équivaut à leur panthéonisation" a répondu l'Élysée.