29/01 ▒ AFRIQUE ▒ Dire "non" aux unions homosexuelles pour réexister ?

Depuis le début de l'année, une polémique secoue le continent africain.

Il s’agit de réactions à l'appel du pape, qui autorise la bénédiction des couples  homosexuels ou remariés.

À condition qu’elle soit effectuée en dehors des rituels liturgiques.

Les Conférences Épiscopales d’Afrique ont aussitôt affiché leur opposition en dénonçant "le risque de confusion et des contradictions directes avec la culture des communautés africaines".

À quoi sert cette énième polémique sur l’homosexualité ?

Que dit-elle de la façon dont la question homosexuelle est instrumentalisée dans certains contextes africains ?

Il y aurait beaucoup à dire sur cet événement qui en rappelle d’autres.

Ici, trois enjeux sont sur la table.

Tout d’abord, il existe une tension entre la demande de tolérance vis-à-vis des LGBT et les actions portées par les leaders moraux mondiaux, comme le pape ou même certaines institutions. 

Concrètement, le fait de vouloir aider ne doit pas faire perdre de vue les problèmes de géopolitique sexuelle et les résistances locales aux changements.

En premier lieu au sein de l’Église catholique.

Ensuite, l’expérience récente, en matière de soutien aux mobilisations LGBT, a montré que si l’on veut être efficace dans l’appui à ces communautés largement marginalisées dans les pays africains, il faut que la demande et les modalités d’action, autant que les termes du débat, viennent de l’intérieur.

C’est-à-dire des populations les plus concernées. 

Aujourd’hui, l'appel au mariage homosexuel n’est pas vraiment porté par les LGBT africains.

En tout cas, pas vraiment par ceux qui vivent dans la trentaine de pays qui pénalisent les relations homosexuelles.

À ce stade, ils en sont à demander le droit à la vie, la non-stigmatisation dans l’accès aux soins et la dépénalisation des realtions homosexuelles.

La question du maraige viendra en son temps.

Par conséquent, cet appel du pape a un effet contre-productif.

Il vient s’ajouter à une longue liste d’actions bienveillantes renforçant, malgré elles, des campagnes homophobes.

Enfin, les propos de François repose la question de l'exclusion de l'homosexualité dans des pays foncièrement homophobes.

Depuis quelques décennies, l’Église catholique africaine subit une concurrence forte des Églises évangéliques. 

Petit à petit, elle perd du terrain et de la crédibilité.

Elle est incapable de se renouveler.

En résumé, l’Église catholique ne pèse plus en Afrique.

Elle ne s'invite plus dans la vie quotidenne.

Donc, l'occasion est trop belle.

Dans ces conditions, l’homosexualité reste un bouc émissaire facile pour s’affirmer dans l’espace public.

La lutte contre les unions homosexuelles pourraitpermettre à l'Église de se reconstruire une virginité morale auprès de populations, qui n’ont pas besoin d’être éduquées à la violence et au rejet, mais plutôt à l’inclusion et à la tolérance. 

En conclusion, la question est toujours la même.

Comment doit-on faire pour moraliser l’Église, lorsqu’elle échoue à faire bon usage de la morale et de la tolérance qui sont les piliers de son action ?

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