30/11 ➥ KOSOVO ➥ Des avancées pour la communauté LGBT, mais...

Il n'y a pas si longtemps, le Kosovo passait pour un bastion conservateur. 

Depuis l'indépendance, en 2008, le pays se transforme.

La scène culturelle a explosé.

La communauté LGBT s'y est trouvé une place.

Même si voir deux hommes se tenir la main dans la rue reste inimaginable.

"Ça prouve qu'on peut vivre ensemble, au même endroit. Vous avec vos croyances, moi avec les miennes, à cinq minutes les uns des autres" se félicite Erblin Nushi, réalisateur et drag queen.

Au "Bubble pub", qui a ouvert en avril, la communauté LGBT a trouvé un endroit où se rencontrer, danser, assister à des performances.

C'est là qu'Erblin Nushi se produit sous le nom de scène d'Adelina.

"Dans la plupart des pays musulmans, la religion considère que c'est mal, que vous n'avez pas le droit d'être qui vous voulez. Mais, c'est important de ne pas imposer son mode de vie aux autres" souligne-t-il.

Au Kosovo, plus de 90% de la population est musulmane.

Cette tolérance affichée n'a pas toujours été là. 

Avant de prendre son indépendance de la Serbie, le Kosovo était loin d'être un havre de paix pour la communauté LGBT.

Après la guerre, à mesure que renaissait la société civile, la tolérance s'est accrue.

"Aucune minorité, qu'elle soit religieuse ou non, ne devrait avoir de raison de se sentir menacée dans notre société" déclare Labinot Maliqi, imam et directeur du "Centre Pour la Paix".

Face à ces évolutions, l'ouverture du "Bubble Pub" a marqué un moment historique pour la communauté LGBT.

"L'existence même de mon pub dans le centre-ville de Pristina est un message. Nous sommes là. Nous faisons partie de la société kosovare" se réjouit Lendi Mustafa, propriétaire et une des premières personnes à être ouvertement transgenre dans le pays.

Depuis, son bar ne désemplit pas.

Ceci dit, tout n'est pas parfait pour la communauté LGBT.

L'année dernière, le Parlement a rejeté un projet de loi autorisant les unions civiles homosexuelles.

Avant le vote, les chefs religieux musulmans, catholiques, juifs et évangéliques avaient fustigé le projet de loi en insistant sur "le besoin de protéger les valeurs familiales".

"Si le ciel s'est éclairé pour la communauté LGBT, cela ne veut pas dire que la situation est idéale" insiste Erblin Nushi.

Il pointe le manque de volonté politique pour un changement plus conséquent.