30/10 ➥ SOCIÉTÉ ➥ Quid d'un site de rencontres sans aucune modération ?

C'est un espace numérique de discussion accessible à tous.

Sur le site de rencontres, "Coco", un internaute, caché derrière un pseudo, partage la photo d'une femme à demi nue.

Ensuite, il incite ses interlocutrices à en faire autant.

Sur "Coco.gg", il existe des centaines de discussions de ce type. 

La plateforme, désormais établie sur l'île anglo-normande de Guernesey, regroupe des "salons" sur lesquels les conversations à caractère sexuel abondent. 

Le titre du salon, "À son insu", ne laisse aucun doute sur les intentions de ses participants. 

C'est sur ce forum qu'un homme, aujourd'hui âgé de 71 ans, proposait sa femme à des inconnus. 

Pendant dix ans, l'homme a fait venir à son domicile d'autres hommes pour qu'ils violent sa femme, droguée. 

La mère de famille ne se rendait compte des abus qu'en voyant les photos du forfait sur l'ordinateur du septuagénaire.

Au total, 51 hommes et le mari seront prochainement jugés.

Cette histoire sordide est loin d'être la seule dans le viseur des services de police et de la justice.

En septembre dernier, Richard Dewitte, ex-membre du groupe, Il était une fois, a été condamné à trois ans de prison pour corruption de mineure. 

Sur "Coco", il avait fait des propositions à caractère sexuel à une adolescente de treize ans.

En 2019, un père de famille a été condamné pour avoir échangé des contenus pédopornographiques sur le site.

Le plus étrange dans tout ça est que, derrière son interface hyper simpliste, "Coco.gg" ne fait aucune modération. 

À la différence de sites prisés des pédocriminels sur le darkweb, celui-ci est totalement accessible à tous.

Pour s’inscrire, il suffit de renseigner un pseudo, le sexe, un code postal et un âge. 

Un fonctionnement qui favorise les dérives. 

"Ce site permet à des individus avec des intentions mauvaises d'aller au bout de leurs intentions. C'est un vecteur" dénonce Caty Richard, avocate qui a vu, dans plusieurs de ses dossiers, le site "Coco.gg" apparaître.

En outre, le site sert de pièges.

En 2018, un homosexuel succombe à ses blessures après avoir été poignardé.

Quelques heures plus tôt, il avait fair venir chez lui un homme rencontré sur "Coco".

"C'est à cause de ce site que le piège s'est refermé sur le père de mes clients" explique l'avocate de la famille.

Chris a été victime d'un guet-apens homophobe après avoir rencontré un homme sur "Coco.gg". 

"Il avait une voix très gentille. On a eu un appel, des photos, des vidéos... Je dirais pas qu'il m'a mis en confiance, il m'a amadoué".

En avril dernier, un jeune homme a été violemment agressé, ligoté et dénudé, en raison de son homosexualité, lors d'un rendez-vous pris sur la plateforme.

"Le site est associé à des affaires policières ou judiciaires depuis quasiment aussi longtemps qu’il existe" dénonce l'association, "Innocence en danger". 

"Le pire, c’est qu’avec tous ces scandales, le site est toujours en ligne, les échanges continuent et se matérialisent en dehors du cadre numérique, mettant en danger principalement des femmes et des enfants".

Dans une pétition, l'association demande la fermeture définitive du site.

"Ce n'est pas l'outil en soi qui est mauvais. Ce sont les utilisations qui en sont faites qui le sont" résume Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit numérique. 

"Le transporteur d'une information n'est pas responsable du contenu. C'est un principe qui remonte à la Révolution. La solution de fermer un site au simple titre que des contenus peuvant être considérés comme une infraction reviendrait à pouvoir suspendre des opérateurs téléphoniques, voire à interdire le téléphone".

De fait, dans la lutte contre la cybercriminalité, il existe une "zone grise" concernant les plateformes, sites ou applications.

Seule la justice peut y répondre. 

Dans le cas de "Rencontre Ados", site destiné aux 13-25 ans, où des prédateurs sexuels sévissent, le gouvernement a annoncé avoir saisi la justice pour obtenir sa fermeture.

Reste que le réglement européen harmonisant les législations sur les fournisseurs de services intermédiaires en ligne précise que "ces derniers ne sont soumis à aucune obligation générale de surveiller les informations qu'ils transmettent ou stockent ou de rechercher activement des faits ou des circonstances révélant des activités illégales".

Autre bouclier pour "Coco.gg":  son immatriculation à Guernesey. 

Et son appartenance à une société bulgare. 

"Sur ce type de problématique, on ne peut agir qu'à l'échelle internationale et de manière coordonnée" souligne Alexandre Archambault.

"Le site étant établi hors de nos frontières, l'action en justice devrait être lancée dans le pays d'établissement".

Dans le viseur des autorités, "Coco.gg" est aussi un outil d'infiltration pour remonter des filières ou traquer des activités illégales et leurs auteurs. 

Les services de police et de gendarmerie ne se prononcent pas sur le sujet.

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