05/10 ➥ SEXUALITÉ ➥ Quand la pornographie déteint sur les pratiques sexuelles...

Une enquête IFOP vient de mettre en évidence les impacts négatifs de la pornographie sur la sexualité des Français.

"Les contenus X favorisent une sexualité toxique, marquée par l’imprégnation de stéréotypes sexistes, associant domination masculine, culture du viol et violence physique".

Alors que le projet, visant à sécuriser l’espace numérique, a été présenté hier à l’Assemblée nationale, l'étude s’est attachée à démontrer les effets des contenus pornographiques.

Selon ses résultats, "la pornographie contribue à construire un imaginaire sexuel empli de scripts ultra-sexistes".

Pour aboutir à ce constat, l’IFOP a mené son enquête du 15 au 18 septembre 2023.

Si les amateurs de pornographie estiment que "les films X ont peu d’influence sur leur sexualité", une partie d’entre eux admet reproduire ou adopter certains scénarios ou modèles véhiculés par ces films.

L’étude fait référence au "porno mainstream", que l’on trouve très majoritairement sur les sites X.

Ainsi, une partie des hommes semble se passer du consentement de leur partenaire pour mettre en oeuvre certaines pratiques.

40% d'entre eux estiment "normal qu’en couple, on fasse l’amour pour faire plaisir à son conjoint, même quand on n’en a pas envie".

25% considèrent que, "dans le feu de l’action, ils ne se sentent pas obligés de demander l’accord de la partenaire avant de se lancer dans une nouvelle pratique sexuelle".

19% estiment que "ce n’est pas très grave de forcer sa partenaire à une position ou pratique sexuelle si, à la fin, elle obtient un orgasme".

Enfin, 22% déclaré avoir déjà imposé une pratique sexuelle, comme la fellation ou l’éjaculation buccale, contre la volonté de l'autre personne.

Autre constat : plus la consommation de pornographie en ligne est intense, moins l'avis de l'autre est important.

34% des personnes interrogées admettent ne pas avoir toujours respecté le consentement de leurs partenaires.

Ces résultats confirment le lien entre consommation de contenus pornographiques et agressions sexuelles envers les femmes.

En outre, les stéréotypes sexistes voire violents, véhiculés par les contenus pornographiques, semblent avoir été intégrés par une partie des hommes interrogés. 

20% d'entre eux trouvent normal de ne pas s'intéresser au sexe de leurs partenaires si elle n’est pas épilée. 

33% des hommes interrogés rejettent toute éventualité d'accepter de se faire pénétrer par un doigt, même si cela peut procurer du plaisir.

33% des hommes estiment que l'orgasme ne peut s'obtenir que par la pénétration.

41% pensent que "beaucoup de femmes aiment être dominées au lit".

Selon 33%, les femmes aiment se faire prendre par "des gros pénis".

Côté femmes, les chiffres sont aussi éloquents. 

50% d'entre elles expliquent avoir été "initiées à des pratiques typiques de la pornographie contre leur gré".

En priorité, se faire imposer la sodomie. 

Pour 43%, c'est un acte qu’elles ont été "forcées de faire contre leur volonté".

36% l'ont fait alors "qu’elles ne le souhaitaient pas vraiment".

L’étude montre aussi que la consommation régulière de vidéos pornographiques affecte la perception du consentement des femmes.

"Plus le cerveau des hommes est pornifié, plus leur notion de consentement est brouillée" souligne l'étude.

Pour François Kraus, directeur du pôle, "Genre, sexualités et santé sexuelle", à l’Ifop, "en façonnant des scripts sexuels cisgenres/hétéronormatifs souvent marqués par des rapports de genre asymétriques, les pornographies mainstream altèrent, non seulement l’imaginaire sexuel des Français, mais aussi leur répertoire sexuel".

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