31|05 ➤ BAS-RHIN ➤ Des spectacles, vus comme "osés", froissent les paroissiens...

Depuis quelques semaines, l’église protestante Saint-Guillaume, à Strasbourg, est au cœur d’une polémique. 

Tout a commencé avec l'accueil, fin mars, d'un spectacle mêlant du pole dance au "Stabat Mater", oeuvre de Giovanni Pergolèse.

Selon ses organisateurs, il s’agissait de la première incursion, dans une église en France, de pole dance.

Une discipline parfois perçue comme sexy, voire érotique, mais aussi physiquement et artistiquement très exigeante.

Avec un millier de personnes sur deux jours, le spectacle a remporté un vif succès.

Sauf que...

Ce succès a valu à Daniel Boessenbacher, pasteur de la paroisse, des menaces de mort.

Deux lettres anonymes glissées sous la porte de l’église.

L’une appelait à "lui couper la tête pour avoir donné la clé de notre Sainte Église à ce serpent qui fait la danse".

Des tracts du spectacle, portant l’inscription "À mort", ont également été retrouvés dans l’église.

Daniel Boessenbacher a déposé plainte.

La programmation culturelle de la paroisse de Saint-Guillaume avait déjà provoqué une polémique en en accueillant "Les 12 travelos d’Hercule", spectacle de drag-queens. 

Des choix qui ont choqué quelques centaines de fidèles.

"Certains sont partis" concède Daniel Boessenbacher.

S’il conçoit que l’on ne soit pas d’accord avec ces choix de programmation, il interroge : "Au nom de quoi ça ne se ferait pas dans une église, qui n’est pas sacralisée dans le protestantisme ? Elle doit s’ouvrir à des choses différentes. Peut-être pour dépasser l’image de quelque chose de fermé, de vieillot".

Il faut dire que le pasteur a toujours défendu l'inclusivité.

Il bénit les mariages civils homosexuels.

Une pratique rendue possible par l’Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine.

Passé le choc des menaces, la question du maintien de futures représentations a été évacuée.

"Il faut évidemment continuer" affirme un des organisateurs.

 "Ça aurait été un très mauvais signal que de plier face aux menaces" conclut Daniel Boessenbacher.