28|04 ➤ POLITIQUE ➤ Au lieu de donner le moral, les "cent jours" pombent la macronie...

Relancer ce deuxième quinquennat.

Mercredi, Élisabeth Borne a présenté son plan de bataille pour les "cent jours d’apaisement et d’actions", décrétés par Emmanuel Macron quelques jours plus tôt. 

Engluée dans la crise sociale et affaiblie par la crise politique, la Première ministre a détaillé, lors d'une conférence de presse bien fade, des "solutions concrètes et des actions, qui changent la vie des Français".

Suffisant pour tourner la page des retraites et sauver ce début de quinquennat chaotique ?

Dans la majorité, on est loin d'en être persuadé.

Certains, même, ne sont plus convaincus du tout.

Après la présentation d’Élisabeth Borne;, il était bien difficile de trouver des élus de la majorité pour la soutenir.

Ni Aurore Bergé (Renaissance), ni Jean-Paul Mattei (MoDem), ni Laurent Marcangeli (Horizons), n’ont réagi à ce catalogue de mesures qui, pour la plupart, existent déjà.

Un silence qui illustre le malaise ambiant chez les macronistes.

"On est dans une période de coupure parlementaire. Certains ont pris des congés ou sont en circonscription sur des sujets plus locaux. Il ne faut pas l’interpréter comme un manque d’entrain" tente de justifier Erwan Balanant, député MoDem du Finistère.

"Après une séquence délicate, on a besoin de se ressourcer. On verra après la rentrée de mardi prochain".

Il faut dire que, après l’adoption "en force" de la réforme des retraites, la colère sociale n’est pas retombée. 

Ni dans l’opinion, ni dans la rue.

Ces derniers jours, le moindre déplacement d’Élisabeth Borne ou de ses ministres est périlleux.

Sifflets et casseroles s'invitent à chaque fois.

"Je continuerai à me déplacer, même si la période appelle un accueil en musique" a déclaré Sarah El Haïry, secrétaire d’État en charge de la Jeunesse.

"Ce contexte, cette impopularité du président, de l’exécutif, c’est fatigant. Ça peut être plombant. Ce n’est pas simple, mais ça n’empêche pas de travailler. On n’a pas été élu pour se lamenter" insiste Erwan Balanant.

Aller au contact, dans ce contexte explosif, plombe le moral des macronistes. 

Et, pour certains, les nerfs lâchent.  

Jean-marc Zulesi, député Renaissance des Bouches-du-Rhône, a fait part de son intention de porter plainte contre des manifestants.

Il se dit "victime de harcèlement".

"Il y a de la haine, l’ambiance s’est durcie" reconnaît François Patriat, patron des sénateurs Renaissance.

"Ce qui m’ennuie, c’est la France silencieuse, qui ne s’exprime pas. Il y a une loupe grossissante médiatique : avec vingt poubelles renversées, on a l’impression que Paris brûle".

Avant l'importante journée de mobilisation de ce lundi, 1er-Mai qui s'annonce historique selon certains observateurs, ces quelques jours de repos ne sont donc pas de trop pour la majorité.

"On a encaissé pas mal de coups depuis les législatives. Il y a une espèce de léthargie globale de la Macronie" reconnaît un député.

Ce manque de soutien à l’égard de la Première ministre découle de sa fragilité politique. 

Lors de son adresse aux Français, le 17 avril, Emmanuel Macron n'a jamais  cité le nom d'Élisabeth Borne. 

En interne, elle a perdu beaucoup de crédit sur la séquence retraites, avec l’utilisation in extremis de l’article 49.3, qu’elle voulait éviter à tout prix.

Toujours sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, elle vient de reporter à l’automne la réforme sur l’immigration.

Et ce ne sont pas les annonces de mercredi qui ont redoré son blason dans le camp présidentiel.

"Ce n’est pas une question de personne. Notre sujet est d’abord de définir un projet global pour entraîner le pays. Ce n’est pas vraiment le chemin qui a été choisi mercredi. On a plutôt eu droit à un agenda législatif, auquel on n’a d’ailleurs pas du tout été associé" lâche un député de la majorité.

"Avec Édouard Philippe ou Jean Castex, on parlait politique. Maintenant, chacun vient parler de ses petits problèmes comme au café du commerce. Tout le monde pense qu'Élisabeth Borne est cuite. Aujourd’hui, Matignon est très faible. Il n’y a pas de charpente, pas de projet" explique un autre.

Désormais, cet engagement des "cent jours" paraît bien risqué pour Élisabeth Borne.

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