28|04 ➤ CINÉMA ➤ Que faire de sa vie après l'attentat ?

Avec "Un an, une nuit", bouleversant portrait de survivants de l'attaque du Bataclan, le cinéma regarde en face la nuit du 13 novembre 2015.

Plus de sept ans après les attaques de Paris et du Stade de France, qui ont fait 130 morts, dont 90 au Bataclan, le film s'inspire du témoignage d'un Espagnol, Ramón Gonzalez, qui assistait avec sa compagne au concert des Eagles of Death Metal.

Le film s'ouvre juste après le drame.

Ramón, interprêté par Nahuel Pérez Biscayart, et Cécile, sous les traits de Noémie Merlant, errent hagards dans les rues de Paris, une couverture de survie sur les épaules.

Physiquement, ils sont indemnes. 

Mais, ils sont traumatisés par les scènes qu'ils ont vécues : les premiers tirs des assaillants dans la fosse de la salle de concert, la course au milieu des corps de victimes pour trouver une cachette, l'angoisse de l'attente, cachés dans une pièce.

Des fictions "post-attentats" ont déjà été tournées.

Mais, jusqu'ici, le cinéma français semblait relativement frileux à montrer les scènes d'attentat elles-mêmes.

Isaki Lacuesta, réalisateur de "Un an, une nuit", a hésité.

"Au départ, on s'est demandé si c'était possible de ne rien montrer de l'attentat. Mais, j'aurai eu l'impression de trahir les victimes de l'attaque et de céder à une lâcheté de cinéma d'auteur. Pour éviter tout voyeurisme, le film ne montre jamais, ni les assaillants, ni les impacts de balle. Les terroristes sont dans les yeux des victimes, sur lesquelles on s'est centrés".

Ces scènes sont insérées tout au long du film, sous forme de flashs qui reviennent aux personnages, hantés par leurs souvenirs.

Plus que tout, "Un an, une nuit" s'attache à "l'après".

Ces heures, ces jours et ces semaines, dans lesquels les victimes sont seules avec leur traumatisme et leur couple mis à rude épreuve.

"On a voulu raconter la partie qu'on n'a pas vues dans les médias. Ce qu'il s'est passé l'année suivante. Comment vivre, reconstruire sa vie, ne pas renoncer au rock, à l'amour, au sexe, à danser et aux expériences collectives" souligne Isaki Lacuesta.

Tout au long du film, Ramón multiplie les crises d'angoisse et va remettre en cause tous ses choix de vie.

De son côté, Cécile choisit de ne révéler à personne qu'elle fait partie des survivants de l'attentat.

"La trajectoire de Ramón est celle de quelqu'un qui naît en sortant de la tourmente, se rencontre lui-même après l'attentat" analyse Nahuel Pérez Biscayart, qui s'est nourri de nombreux échanges avec les vrais protagonistes.

Tout comme Noémie Merlant. 

"Son personnage à elle est dans le déni. Elle continue à vivre en aidant les autres. Petit à petit, ça la submerge. C'est très important qu'il y ait des films qui existent, qui soient faits. C'est un devoir de mémoire. C'est important de partager, de raconter. Ensuite, on les regarde quand on est prêts" explique l'actrice.

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