24|02 ➯ MONDE ➯ "Les personnes sont poursuivies pour homosexualité".

De plus en plus, des responsables gouvernementaux, en Égypte, Irak, Jordanie, Liban et Tunisie, prennent les LGBT pour cible en exploitant leurs données sur les réseaux sociaux. 

C'est ce que dénonce l'ONG, "Human Rights Watch", dans un rapport paru cette semaine.

Ahmed Benchemsi, représentant de l'ONG au Moyen-Orient et Afrique du Nord, fait un état des lieux.

Extraits.

"Il y a des pratiques récurrentes dans le monde arabe. Par exemple, en Égypte, des membres de la police créent des faux profils sur des applications de rencontre gay, comme Grindr, et se font passer pour des personnes gays. Ils entrent en contact avec des personnes gays, mettent des mois à gagner la confiance de l’interlocuteur et, une fois que c’est fait, lui donnent rendez-vous. Une fois que la personne arrive sur place, elle se retrouve piégée par des policiers. Ensuite, on ouvre son téléphone, on envoie des messages à ses contacts de manière à les piéger eux aussi. C’est un cercle infernal qui se met en place".

"D’autres méthodes sont détaillées dans le rapport. Comme l’utilisation de captures d’écran sur WhatsApp comme preuves dans un tribunal. Les personnes en question sont poursuivies pour homosexualité là où c’est interdit. C’est le cas dans plusieurs pays arabes. Et là où ce n’est pas interdit, ce sont des moyens détournés, comme l’incitation à la débauche, dont la justice se sert pour incriminer des gens sur la base de preuves obtenues de manière illégale".

"Ces personnes arrêtées de manière arbitraire sont maltraitées. Les conditions de détention provisoire ne sont déjà pas brillantes dans ces pays, mais pour les LGBT, c’est encore pire, car la discrimination est forte. Des cas de viols ont été documentés. Il y a ensuite des poursuites judiciaires sur la base de ces preuves obtenues illégalement. Il y a aussi de l’outing forcé et du doxing, c’est-à-dire qu’on révèle l’identité de ces personnes, leur adresse, etc... Il y a des conséquences familiales. Les personnes peuvent être chassées de leur famille, subir des violences. Elles peuvent perdre leur emploi. C’est ce qu’on dénonce aussi dans le rapport. Ce qu’il se passe en ligne n’a pas que des conséquences en ligne, mais aussi dans la vie réelle".

"Les plateformes numériques ont une responsabilité. Elles ont d’ailleurs des politiques pour empêcher les discours de haine et de discrimination, sauf qu’elles ne les appliquent pas. En tout cas, lorsqu’il s’agit du monde arabe. Parmi les personnes que nous avons interrogées, toutes disent avoir des doutes quant à la réaction de ces plateformes. Ces personnes ont averti les plateformes sur le fait qu’elles recevaient des messages malveillants, des discours haineux, que leur nom ou leur adresse étaient divulguées. Les plateformes ont répondu en disant qu’elles ne voyaient pas de problèmes, qu’il n’y avait pas de violation de leur politique, alors qu’il y a beaucoup de choses qu’elles devraient faire. Elles devraient aussi investir davantage dans la modération de contenus en arabe et dans les différents dialectes arabes. Rien de tout cela n’a été fait jusqu’à présent".

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