16|12 ➯ JUSTICE ➯ Innocenté 24 ans après des faits inventés par une jeune fille...

C'est une décision rarissime en France.

Hier, la Cour de révision a annulé la condamnation pour "viol sur mineure" prononcée en 2003 contre Farid El Haïry, qui a passé près d’un an en détention pour un crime qu’il n’a pas commis. 

Ce jugement fait de cet homme le douzième cas connu de révision d’une condamnation aux assises depuis 1945.

Cette décision fait suite à la rétractation de son accusatrice qui a avoué, fin 2017, avoir inventé les faits.

"Monsieur Farid El Haïry n’est coupable de rien et n’a jamais commis d’actes d’agression sexuelle ou de viol sur ma personne. Je souhaite aujourd’hui rétablir la vérité" avait déclaré la trentenaire en expliquant que son agresseur était, en réalité, son propre frère.

"Je n’ai pas réussi à rétablir la vérité, coincée dans l’emprise du secret familial".

La justice a donc tenu compte de ces déclarations.

"Rien ne subsiste à la charge de Farid El Haïry" a déclaré le président de la cour de révision.

"Cette condamnation est annulée sans nouveau procès. L’affaire est terminée par cette décision, qui vous lave de toute condamnation".

"Après 24 ans de souffrance, je ne sais pas trop quoi dire" a réagi Farid El Haïry, 41 ans.

"Tout ce que je peux dire, c’est que je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu".

C'est en décembre 1998 que Julie, alors âgée de 15 ans, porte plainte et affirme que Farid El Haïry, adolescent de 17 ans, l’a violée un soir de juillet de la même année. 

Malgré ses dénégations constantes, Farid El Haïry est placé de longs mois au quartier des mineurs d'une prison du nord de la France.

"J’étais un enfant, j’avais 17 ans. Je suis passé par l’une des pires prisons. J’ai souffert. Je vous laisse imaginer le calvaire, surtout quand on est accusé de viol" a-t-il confié, hier, à la sortie de l’audience.

Renvoyé devant la cour d’assises des mineurs du Nord, Farid El Haïry est jugé coupable et condamné, en décembre 2003, à cinq ans de prison, dont quatre ans et deux mois avec sursis.

Inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles et violentes, il est alors contraint de pointer tous les ans à la gendarmerie. 

Quant à ses parents, ils sont condamnés à verser 17 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante.

C'est près de quinze ans plus tard que Julie écrit au procureur de la République pour avouer avoir inventé cette histoire.

Elle explique que, entre ses 8 et 12 ans, elle a été victime d'inceste de la part de son frère, contre lequel elle finit par déposer plainte. 

Il faudra attendre l’été 2022 pour que les autorités informent Farid El Haïry de ce revirement. 

Suite à la décision d'hier, ce dernier a décidé de déposer plainte contre la jeune femme.

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