29|09 ➯ SOCIÉTÉ ➯ "Parce qu'on est vieux, on n'aurait plus de vie sexuelle ?".

"Malgré leurs rides et leurs cheveux blancs, ils ont encore l'envie d'être aimés, désirés, touchés". 

La société doit changer de regard sur la vie affective et sexuelle des seniors, selon l'association, "Les Petits frères des pauvres".

"Les personnes âgées ne sont pas d'abord des objets de soins, mais peuvent encore aimer et être aimées" affirme Yann Lasnier, délégué général de cette association qui lutte contre l'isolement des plus âgés.

D'après l'étude publiée de matin, 91% des personnes âgées, en couple, disent éprouver du désir pour leurs conjoints.

74% ont encore des relations sexuelles.

71% estiment "qu'un corps qui vieillit peut rester désirable".

Des constats qui vont à rebours de nombre d'idées reçues.

C'est contre elles que l'association veut lutter à travers une campagne de communication, qui débutera en octobre. 

"Ne réduisons pas les aînés à nos clichés" suggèrent les affiches.

"Changer les mentalités, c'est important" souligne Patricia, 61 ans.

Elle évoque volontiers son "désir" pour Raymond, 68 ans, avec qui elle a refait sa vie voici cinq ans. 

"Parce qu'on est vieux, on n'aurait plus de valeur, plus de vie perso, plus de vie sexuelle ?" interroge-t-elle.

Sur la ligne d'écoute anonyme, gérée par les "Petits frères", plus d'un appel sur dix a trait à la vie affective ou sexuelle des seniors.

"Beaucoup d'hommes font état d'une misère sexuelle et ont besoin de raconter leurs fantasmes sur la voisine ou l'aide-soignante. Beaucoup de femmes de 75 ou 80 ans, souvent des veuves, se disent en manque de tendresse" analyse une des responsables de la ligne d'appel.

"Pour cette génération, la sexualité a surtout été associée à la maternité ou au devoir conjugal. Elles ont été très mal informées, y compris sur leur propre corps. Certaines femmes, aujourd'hui, s'interrogent sur les sex toys ou la masturbation, mais ne savent pas à qui s'adresser".

Selon l'étude, un grand nombre de seniors souffre de la solitude.

Notamment, après la mort de leur conjoint. 

Pour lutter contre cet isolement, "Les Petits frères des pauvres" préconisent de "maintenir ou ouvrir des lieux de convivialité, comme les cafés, guinguettes ou autres thés dansants, qui permettent de s'amuser et éventuellement de faire des rencontres amoureuses".

L'association demande aussi que les formations au numérique, pour les seniors, incluent une approche des applications de rencontre.

Car, les études montrent que des couples peuvent parfois se former sur le tard. 

Malhureusement, de tels cas ne sont toutefois pas forcément bien vus.

"Dans les Ehpad, entre autres, où les pulsions sont considérées comme un problème et l'intimité des seniors pas toujours respectée" souligne l'étude.

"Le secteur de l'aide aux personnes âgées a besoin d'une révolution culturelle sur le long terme" affirme Francis Carrier, président de "GreyPride", association qui organise des formations dans les maisons de retraite pour sensibiliser à ces questions.

"On veut s'adresser aux salariés, pour qu'ils adoptent un discours ouvert et respectueux, aux seniors eux-mêmes, car ils ont une image dégradée de leur corps, et aux enfants des résidents, qui parfois désapprouvent les désirs de leurs parents".

Et Francis Carrier de conclure.

"Dans tous les cas, en parlant de sexualité et de besoin affectif, on se raccroche au désir de vivre".

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