08|07 ~ SANTÉ ~ Inquiète, la communauté LGBT opte pour l'abstinence...

À mesure qu'augmente le nombre de personnes infectées par la variole du singe, l'inquiétude grandit en France. 

S'ils ne sont pas les seuls concernés, les homosexuels commencent à redouter une flambée épidémique.

"Les témoignages que j'ai pu voir font vraiment peur. Les symptômes ont l'air assez extrêmes. À l'approche de l'été, ça ne fait pas rêver".

Théo, Parisien de 33 ans, a décidé de stopper toutes relations sexuelles pendant quelques temps. 

Un choix fait par crainte de contracter la variole du singe, à l'heure où le nombre de cas augmente en Europe et en France.

Le chiffre était de 577 cas au 5 juillet 2022, selon Santé Publique France. 

Si la majorité des cas concerne des homosexuels, l'instance prévient que "d'autres groupes vulnérables sont aussi à risque. Il y a eu quelques cas chez les enfants et chez des personnes qui ont un système immunitaire compromis".

"J'ai plusieurs mariages prévus au moins de juillet et je ne veux pas prendre le risque de contaminer des proches" explique Théo.

Il assure ne pas être le seul à changer ses habitudes.

"C'est pénible, parce qu'à la fois, on ne veut pas gâcher notre été, et, en même temps, on redoute une espèce de vague comme ça avait pu être le cas avec le Covid. On en a marre".

Au sein de la communauté homosexuelle, certains ont simplement décidé de "faire une pause" dans les rencontres d'un soir.

"Ne serait-ce que le temps de voir comment évolue l'épidémie ou en attendant que la vaccination contre la variole soit ouverte à tous" explique un internaute.

"La variole du singe est une source de grande inquiétude" selon Valentin, qui pointe le manque d'information sur la maladie. 

"Au niveau sexuel, je préfère faire attention. J'ai mis un coup d'arrêt net depuis une quinzaine de jours. Ça génère beaucoup d'angoisse, car les symptômes ont l'air très lourds et font très peur. Le pire, c'est qu'au début on a pris ça avec dérision. On en parlait avec distance et second degré. Avec mes amis, on se disait, qu'après le Covid, c'était reparti avec un autre virus. Tout ça restait très abstrait. On n'avait pas encore de cas concrets. Maintenant, il y a des témoignages. On entend qu'untel a été contaminé. On a l'impression que ça se rapproche sans qu'aucune politique de prévention ne soit mise en place. Alors forcément, on se demande : si ça nous arrive, qu'est-ce qu'on fait ?".

Si la variole du singe guérit généralement d'elle-même après deux ou trois semaines, les douleurs que génèrent ses symptômes peuvent nécessiter une hospitalisation. 

Elle se manifeste par des symptômes grippaux, des éruptions cutanées, des lésions douloureuses au niveau des parties génitales et parfois même au niveau de la nuque ou du visage.

"Ça rend parano" ajoute Valentin.

"C'est clairement une source d'inquiétude qui traverse la communauté LGBT en ce moment. On ne veut pas prendre le risque d'être contaminé sans le savoir. Notamment, à cause du temps d'incubation. Quand les symptômes ne sont pas encore apparus. Les gens n'en meurent pas, mais c'est tout de même assez grave. Pourtant, rien n'est sous contrôle. Il n'y a pas de campagne de prévention. Ça donne l'impression qu'on ne s'y intéresse pas".

Nathan, militant de l'association, "Aides", est du même avis.

"La réaction des pouvoirs publics est décevante et pas du tout à la hauteur des enjeux. Je redoute une traînée de poudre. Je suis super inquiet. On sait très bien que ça peut aller très vite. D'autant que le mode de transmission est très facile. On n'a pas de moyen de s'en protéger. Ça s'attrape par la peau, la salive, les textiles contaminés. Pour le coup, il ne suffit pas de mettre une capote". 

En effet, la variole du singe n'est pas une maladie sexuellement transmissible.

Depuis le début de la flambée des cas en Europe, Nathan a décidé de faire pression sur les pouvoirs publics pour que le vaccin soit accessible aux homosexuels, comme c'est déjà le cas au Royaume-Uni ou au Québec.

La Haute Autorité de Santé a été saisie pour rendre un avis sur son élargissement aux homosexuels. 

En attendant, Marc, 46 ans, a mis un arrêt net aux "coups d'un soir". 

"Ça n'est même plus une option. On sort de deux ans de Covid, donc on a développé des réflexes en terme d'épidémie et de gestes barrières. Dans mon cercle proche, c'est le sujet qui fait peur. Beaucoup font le parallèle avec l'épidémie de Sida. On a la double peine parce que, pour l'instant, vu que ça touche de nombreux homosexuels, on risque à nouveau d'être pointés du doigt et stigmatisés".

Mercredi, le patron de l'Organisation Mondiale de la Santé a fait de son inquiétude.

Tedros Adhanom Ghebreyesus a convoqué le Comité d'Urgence de l'OMS.

Il doit l'aider à juger de la gravité de la crise.

En cas d'apparition de symptômes évocateurs de la variole du singe, le ministère de la Santé appelle à contacter le Samu, via le 15.

Il recommande également de s’isoler en attendant un avis médical et d’éviter les contacts avec d’autres personnes.

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