30|04 ~ POLITIQUE ~ Rien ne va plus entre lui et le président !

Pour être tout à fait franc, il faudrait dire qu'ils ne peuvent plus "l'encadrer".

Le "en même temps" à la sauce Édouard Philippe agace le parti présidentiel.

Lui veut bien soutenir Emmanuel Macron, sans rien renier de ses ambitions personnelles pour 2027.

Celui qui a lancé son propre parti, "Horizons", entend peser dans la future majorité présidentielle.

Pour préparer la suite. 

Mais, les volontés d'Édouard Philippe et de ses soutiens agacent, non seulement LREM, mais surtout Emmanuel Macron.

Plutôt gênant à quelques semaines des élections législatives.

Depuis son départ de Matignon, en juillet 2020, Édouard Philippe joue son destin personnel par petites touches.

Fin septembre 2021, il plaidait pour un report de la retraite jusqu’à 67 ans et sonnait l’alerte sur la dette publique française. 

Ces prises de position avaient agacé le locataire de l'Élysée.

Pendant la campagne présidentielle, les divergences entre Emmanuel Macron et son ancien Premier ministre ont été mis en sourdine. 

Une sorte de pacte de "non-agression", qui s'est illustré avec une visite toute en courbettes du président-candidat au Havre, avant le deuxième tour.

Mais, ça y est !

L'élection est passée et les crispations entre les deux hommes redoublent. 

"Sur le plan personnel, entre les deux, c’est compliqué. Et entre leurs entourages, c’est encore plus compliqué" explique un cadre de LREM.

Les tensions se concentrent sur les élections législatives. 

Édouard Philippe a refusé catégoriquement le "grand parti unique", que veut voir émerger Emmanuel Macron.

"Philippe veut créer une machine de guerre pour éviter le syndrome Juppé qui, sans parti derrière lui, n’a jamais réussi à gagner la présidentielle" ajoute l’élu LREM. 

Et ça passe d’abord par le scrutin de juin.

Édouard Philippe espère bien se tailler la part du lion.

Car, pour obtenir le financement public, le mouvement doit présenter au moins cinquante candidats, qui devront obtenir plus de 1% des voix chacun.

Le maire du Havre viserait un groupe de 30 à 40 députés dans la prochaine Assemblée. 

Ce qui ne plaît pas du tout à Emmanuel Macron.

"Il me doit tout et il pense qu’on est égaux ? Il a fumé les vapeurs du port du Havre ?"  aurait-il déclaré en privé.

"Beaucoup ne veulent pas voir Édouard Philippe trop vite, trop fort" explique une députée LREM. 

LREM ne veut d’un groupe "Horizons" trop puissant à l’Assemblée nationale. 

Le parti présidentiel craint que les grandes manœuvres pour la présidentielle 2027 démarrent trop vite et que le second mandat d’Emmanuel Macron passe au second plan.

Alors, chez LREM, c'est la méthode Coué.

On tente de sous-estimer le poids d'Édouard Philippe, pourtant homme politique préféré des Français.

"Philippe, c’est combien de divisions ? Le président a été élu tout seul. C’est lui qui a fait tout le travail. Il n’a pas eu besoin de coup de pouce, comme c’était le cas en 2017 avec Bayrou. Je remarque d’ailleurs que dans la campagne, le ralliement d’Éric Woerth a fait plus de bruit que les sorties d’Édouard Philippe" lance un membre de LREM.

Selon le parti présidentiel, les débauchages d’élus de droite réalisés par Emmanuel Macron pendant la campagne, et ceux à venir, minimisent l’influence d’Édouard Philippe et de ses amis dans la future majorité.

De son côté, ce dernier martèle qu'il n'est "pas tenu par un deal que je n’ai pas passé".

La tension reste donc palpable dans la majorité.

Certains députés déplorent "l’esprit dégagiste" des soutiens d'Édouard Philippe.

"Évidemment, il y a une cohérence à ce que Philippe participe à la future majorité. Mais, il faut que ce soit un apport, un plus. Il y a des circonscriptions à aller chercher. C’est ce qu’on a fait, nous, en 2017" insiste Erwan Balanant, député Modem.

"Certains collègues sont inquiets, car ils ont compris qu'il y avait des négociations sur leur dos. Or, Richard Ferrand avait été très clair sur Horizons : les 230 circonscriptions, qui ne sont pas détenues par la majorité présidentielle, c’est là que vous irez manger" ajoute Anne Genetet, députée LREM.

Pour sa part, un cadre de LREM préfère relativiser les tensions actuelles. 

"On est dans des négociations pour les législatives, c'est normal. Mais, une fois les pions placés sur l'échiquier, Édouard Philippe ne va pas pourrir Macron pendant cinq ans. Il n'y aurait aucun intérêt".

Pour le moment, c'est plutôt Emmanuel Macron qui veut "pourrir" Édouard Philippe.

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