30|04 ~ ÉTATS-UNIS ~ Entre finances, profit, LGBT et inclusion, les entreprises tanguent...

Depuis la pandémie de coronavirus, les entreprises de la High-tech sont de plus en plus nombreuses à quitter la Silicon Valley pour des États du sud comme le Texas et la Floride.

Toutes y voient de nombreux avantages, notamment économiques. 

Quitte à fermer les yeux sur la politique sociétale de ces États conservateurs ?

Les entreprises préfèrent jouer la carte du "silence radio", au risque de paraître apathiques auprès de leurs employés.

Depuis quelques mois, certaines grandes multinationales quittent la Californie pour s'implanter au Texas et en Floride. 

Ces nouvelles destinations savent se montrer attrayantes, grâce à de nombreux avantages, notamment financiers. 

En mai 2021, Jimmy Patronis, directeur financier de la Floride, révélait que 900 personnes s'installaient chaque jour dans cet État pour des raisons fiscales.

Destination de repli des travailleurs de la baie de San Francisco depuis de nombreuses années, le Texas a accueilli plus de 687 000 ex-Californiens depuis les années 2010.

La crise sanitaire n'a fait qu'accentuer cette tendance.

Les avantages fiscaux ne sont pas l'unique raison. 

Il est également question du prix de l'immobilier, bien moins élevé qu'en Californie.

Cependant, ces déménagements soulèvent de nombreuses questions d'ordre sociétal et politique.

Ces entreprises et leurs employés, souvent vus comme des progressistes, passent de la Californie, état majoritairement démocrate et progressiste à des états du sud aux valeurs plus conservatrices.

Le 1er septembre 2021, le Texas a entériné la loi interdisant l'interruption d'une grossesse au-delà de six semaines.

Même en cas d'inceste ou de viol. 

En février dernier, le gouverneur républicain a émis une directive ordonnant aux services de protection de l'enfance d'enquêter sur les parents d'enfants qui souhaitent changer de sexe. 

Une procédure qui, selon lui, "constitue une maltraitance des enfants en vertu de la loi texane en vigueur".

Plus récemment, le gouverneur républicain de Floride a signé un texte de loi interdisant aux enseignants d'évoquer "l'orientation sexuelle ou l'identité de genre devant des élèves de moins de neuf ans".

Avec ce retour à un esprit ultra-conservateur, les entreprises vont-elles, ou pourront-elles, continuer à s'installer dans ces États ?

Au risque de passer pour soutiens de ces décisions sexistes ou homophobes.

"Le but des entreprises est de faire du chiffre. À partir du moment où elles peuvent jouir d'une taxation plus basse, elles vont se déplacer dans les États qui le proposent" analyse Jamila Alaktif, professeure en management à l'ISC Paris Business School.

Dernièrement, le porte-parole de l'entreprise de technologies, "Oracle", dont le siège social se trouve désormais aux Texas, a déclaré que "ce déménagement et ces changements permettent de mieux se positionner pour la croissance et offrent à notre personnel une plus grande flexibilité quant au lieu et à la manière de travailler".

Concernant les mesures anti-avortement du Texas, "Oracle" n'a pas communiqué sur sa position, comme de nombreux autres géants industriels.

Tous privilégient la stratégie du "silence radio".

Pourtant, comme on peut s'en douter, une grande partie des employés de ces entreprises travaille dans l'État et pourrait être concernée.

D'après Jamila Alaktif, "la technique du silence radio" est privilégiée, car le financier est le facteur numéro un. La diversité est le parent pauvre de l'économie. À tel point qu'une quelconque prise de position peut avoir des répercussions économiques".

Le parfait exemple n'est autre que "Disney World", en Floride. 

L'entreprise a publiquement désapprouvé une loi homophobe.

Conséquence : l'État a signé une loi "supprimant le statut favorable" octroyé à "Disney World" dans les années 60. 

De plus en plus, l'indifférence des entreprises est vivement critiquée, car beaucoup d'entre elles n'hésitent pas à se vanter d'êtres gay-friendly ou inclusives.

Pure hypocrisie ? 

"C'est le cas pour quelques-unes" affirme Jamila Alaktif. 

"En mettant en place des programmes en faveur de la diversité et de l'inclusion, les entreprises répondent au besoin des consommateurs. Ces programmes ne sont, ni obligatoires, ni surveillés par une institution indépendante".

D'autres entreprises prennent position à leur manière.

"Par exemple, en prenant en charge les frais d'un avortement, les coûts associés au logement et au voyage, s'il est nécessaire de se rendre hors de l'État pour recevoir des soins" explique Adam Bauer, porte-parole de "Hewlett Packard Entreprise".

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