30|03 ~ SUISSE ~ "Les gays sont des malades mentaux".

"Quand je traite quelqu’un de pédé, c’est pour rigoler. Je n’ai rien contre les gays".

Comme le montre l’exemple de cet élève de quatorze ans, c’est à une jeunesse parfois sans filtres et souvent sans conscience que s’est confronté Patrick Weber, chercheur.

Il vient de publier sa thèse de doctorat à la Haute École Pédagogique de Fribourg. 

Il a sillonné onze cantons, visité trente écoles.

Soit 151 classes et 2 210 élèves rencontrés.

La plupart avait entre treize et quinze ans.

Son but était de saisir leur comportement vis-à-vis des élèves homosexuels.

Dès le départ, il a pu observer une homophobie décomplexée.

Et certains élèves n’y vont pas par quatre chemins.

"Les gays sont des malades mentaux".

"Je les déteste, mais qu’ils fassent ce qu’ils veulent".

Deux exemples de commentaires relevés par Patrick Weber.

Un quart des élèves admet sans gêne se comporter de manière négative face à un élève, parce qu’il est homosexuel ou parce qu'il est présumé l'être.

L’homophobie n’est pas seulement directe.

Elle peut aussi être involontaire et cachée dans le langage courant.

Patrick Weber a rencontré de jeunes lycéens qui se saluent avec un geste physique de fraternité en s’exclamant : "No homo".

Histoire de bien signaler qu'ils ne sont pas homosexuels.

À côté de cela, il y a les blagues plus ou moins vulgaires, les railleries, les insultes.

Tous ces éléments créent un climat hostile pour les élèves concernés.

"Cela rend le processus de coming-out encore plus compliqué" souligne Patrick Weber, qui estime nécessaire que les enseignants interviennent.

"S’ils ne le font pas, le comportement homonégatif est interprété comme justifié".

En revanche, il a constaté que de nombreux élèves font tout de même preuve d’une grande ouverture d'esprit et de bienveillance.

Selon lui, "l’école doit jouer un rôle pour contrebalancer l’éducation des parents". 

Car, son étude met le doigt sur le lien étroit entre les attitudes des parents et celles de leurs enfants. 

En outre, l'ambiance plus ou moins religieuse au sein de la cellule familiale a un très fort impact sur les comportements hostiles aux homosexuels. 

Le passé migratoire joue également un rôle. 

Les deux facteurs vont souvent ensemble.

Pour lutter contre cette homophobie adolescente, le Canton de Vaud a créé un poste de déléguée aux questions d’homophobie et de transphobie.

La personne est chargée de déployer un plan d’action dans les écoles.

"En tant qu’enseignantes et enseignants, lorsque vous intervenez face à ces violences, vous donnez un message clair qui refuse de les légitimer et qui apporte de la protection pour ces élèves qui disent souvent se sentir en sécurité nulle part" explique le Canton de Vaud.

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