30|03 ~ SANTÉ ~ Un genre de feu d'artifice des propositions...

C'est un peu le concours du "Qui dit mieux ?".

Quand on se plonge dans les propositions des candidats à la présidentielle concernant l’ hôpital, on peut vite avoir le tournis. 

Tous les prétendants partagent un constat catastrophé et estiment qu’il faut remettre des moyens dans l’hôpital. 

Mais, ils n’ont pas les mêmes ambitions.

Si Emmanuel Macron est plutôt discret sur ses propositions pour l’hôpital public, il reconnaît que l’effort consenti avec le "Ségur de la Santé", en 2020, n’a pas suffi. 

Sans pour autant dessiner une autre voie.

"Les questions de santé n’ont jamais mobilisé les campagnes électorales" explique Frédéric Pierru, sociologue au CNRS. 

"En 2017, c’était l’exception. On a parlé de la Grande Sécu, de santé environnementale. Le paradoxe de 2022 est le suivant : on sort du Covid-19, qui a mis en évidence, de façon criante et navrante, la fragilisation du système de santé français. De ce fait, la santé revient dans les trois priorités des Français. Tous tout voudraient qu’elle soit au sommet de l’agenda, mais les candidats en parlent peu".

Et quand ils l’évoquent, une place importante est réservée à l’avenir de l’hôpital. 

Anne Hidalgo veut augmenter le "numerus apertus", soit nombre minimum, à 15 000 médecins formés chaque année, contre 11.000 à la rentrée 2021. 

Avec Fabien Roussel, il y aurait 12 000 places d’étudiants en médecine chaque année. 

Éric Zemmour veut doubler les capacités de formation des médecins en cinq ans. 

Tout comme Valérie Pécresse.

Cette dernière veut développer les stages d’internat dans les cliniques privées pour les étudiants en médecine, afin de favoriser la coopération public-privé.

Et pour les paramédicaux ? 

Marine Le Pen veut revaloriser le salaire des infirmiers de 10%. 

Pour améliorer l’attractivité des métiers du secteur, Jean-Luc Mélenchon propose des contrats d’études avec une rémunération au Smic, à condition que ces futurs soignants s’engagent à servir dans le public pendant un certain nombre d’années. 

Philippe Poutou fait à peu près la même proposition et prévoit une revalorisation immédiate de 400 euros par mois des hospitaliers.

Éric Zemmour veut augmenter de 12% les salaires des aides-soignants et des infirmiers. 

Yannick Jadot évoque 10% pour le salaire net des infirmières.

Du côté des postes à l’hôpital, il y a consensus.

Tous proposent d’augmenter les moyens humains et de rouvrir les lits.

Ce qui revient à une surenchère illisible et rarement financée. 

Marine Le Pen évoque un renforcement significatif des personnels hospitaliers.

Sans précision. 

Valérie Pécresse veut créer 25 000 postes de soignants supplémentaires à l’hôpital en cinq ans et réduire les postes des administratifs. 

Pour fidéliser et renforcer l’attractivité de ces métiers, elle estime qu’il faut faciliter l’installation en favorisant l’accès au logement, aux crèches, aux transports.

Éric Zemmour avance le chiffre de 40 000 personnels hospitaliers supplémentaires.

Anne Hidalgo ambitionne de recruter 25 000 infirmiers et aides-soignants, 5 000 logisticiens, techniciens et agents hospitaliers et 1 250 sages-femmes par an.

Tout en revalorisant leurs carrières et leurs rémunérations. 

Jean-Luc Mélenchon fait monter les enchères en visant 100 000 soignants supplémentaires à l’hôpital.

Même chiffre pour Yannick Jadot et Jean Lassalle.

Philippe Poutou veut aller jusqu’à 200 000 hospitaliers en plus.

"C’est de l’effet d’annonce" déplore Frédéric Pierru.

"Le problème n’est pas le chiffre, mais qu’on n’arrive pas à les recruter ! Les candidats sont sur un registre très convenu. Hormis les questions de revenu, la question du bien-être, de la reconnaissance, des évolutions de carrière n’est pas résolue".

Tout de même, Jean-Luc Mélenchon souhaite "assurer une visite médicale annuelle de tout le personnel de santé, afin de prévenir les risques psychosociaux" et rendre obligatoire des ratios minimums de soignants par patients. 

Autre question majeure : le financement de toutes ces promesses.

Là aussi, il y a un semblant d’unanimité. 

Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Marine Le Pen proposent de mettre fin à la tarification à l’acte, qui finance aujourd’hui 100% des hôpitaux. 

Anne Hidalgo laisserait place à une enveloppe pour chaque hôpital, définie selon les besoins de santé de la population desservie.

Valérie Pécresse ne renonce pas à la tarification à l'acte, mais la fait évoluer en prenant en compte la qualité des soins, évaluée par les patients. 

Même idée chez Éric Zemmour.

"Autant de pistes décevantes" selon Frédéric Pierru.

"J’ai l’impression que les candidats maîtrisent mal ces sujets. On prend des discours convenus, généreux à gauche, davantage dans le contrôle à droite, en supprimant l’Aide Médicale d’État, par exemple. Dans le milieu des experts, il y a énormément de réflexions, mais on sent un décalage profond avec les politiques".

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