17|05 ~ FOOTBALL ~ "L'homophobie est l’angle mort des discriminations".

Il y a un an, Ouissem Belgacem publiait "Adieu ma honte".

Il y brisait le tabou de l'homophobie dans le monde du football.

Un sujet que la polémique du week-end a forcément alimenté. 

Idrissa Gueye aurait refusé de jouer avec son équipe, le PSG, pour ne pas avoir à soutenir la lutte contre les discriminations envers les LGBT.

Depuis, le Paris Saint-Germain s'est désolidarisé de cette prise de position.

Face à cet évènement, Ouissem Belgacem évoque sa déception.

Il reproche également la démarche de la Ligue Professionnel de Fooball qui, selon lui, fait du "pinkwashing".

Il réclame une politique de fond. 

Extraits.

"S’il était avéré qu’Idrissa Gueye n’a pas voulu jouer pour des raisons religieuses, je trouverais ça extrêmement décevant. Cela prouve déjà les limites de cette opération de la LFP, avec ces maillots floqués aux couleurs arc-en-ciel. Je sais qu’il y a plein de joueurs qui les portent seulement parce qu’ils doivent les porter, mais qui ne sont pas sensibilisés à la cause. On ne voit aucun post Instagram de joueurs indiquant qu’ils sont fiers d’avoir participé à cette journée. J’ai l’impression que c’est plus un coup de com' qu’un travail d’éducation et de sensibilisation auprès des joueurs, du public, des entraîneurs".

"Pour en revenir au comportement d’Idrissa Gueye, des raisons religieuses sont évoquées. Moi aussi, je suis musulman et c’est toujours intéressant et triste de voir qu’on peut porter une religion de manière aussi différente. Pour moi, l’Islam est avant tout une religion de tolérance, de paix, d’amour du prochain, où l’on ne doit pas se juger les uns les autres. Ce qui nous réunit tous au final, c’est la dénonciation des injustices. Aujourd’hui, quand on est homo en France, on va clairement souffrir de l’homophobie dans tous les secteurs de sa vie".

"Le football, c’est le vivre-ensemble en théorie. Je trouve dommage qu’Idrissa Gueye ne se sente pas touché par cette cause en tant qu’être humain et regrettable que le PSG ait des employés pas prêts à dénoncer les injustices, à se battre contre cela. Au final, c’est une question d’humanisme. On ne demande pas à un joueur d’aller ouvrir la Gay Pride. Simplement d’apporter un soutien assez discret pour faire reculer l’homophobie en France".

"Je ne pense pas que sanctionner soit la solution. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas pris part à cette journée qu’il est homophobe. On ne connaît pas son opinion. J’aurais envie d’aller lui poser la question comme je le fais dans les clubs : Pourquoi cette question ne te touche-t-elle pas ? Est-ce que tu sais que le vivre-ensemble fait partie des valeurs que l’on veut défendre au sein du sport français ?".

"Il y a une notion d’éducation au respect de la différence. En voulant imposer de porter une certaine tenue à la 37ème journée, en fin de saison, on a davantage l’impression que cette opération correspond plus à une case à cocher qu’à autre chose".

"Les instances du foot cherchent à se donner bonne conscience. Pour pouvoir dire : regardez, on fait quelque chose. Mais, est-ce que cette action va provoquer un éveil des consciences et toucher les personnes homophobes ou indifférentes à la cause homosexuelle ? J’en doute, clairement".

"Déjà en 2019, il y avait eu cette histoire de brassards arc-en-ciel que quelques capitaines d’équipes de Ligue 1 n’avaient pas voulu porter. C’est un débat récurrent. Il ne faut pas s’en prendre à Idrissa Gueye en tant qu’individu. Pour moi, il est le résultat d’un système. J’aimerais l’envoyer passer du temps dans une association travaillant avec de jeunes LGBT. Pour montrer qu’au final, en France, on n’est pas si éloignés les uns des autres, qu’on est tous pareils".

"L'homophobie est l’angle mort des discriminations. Je n’ai pas lu beaucoup de réactions d’acteurs du football français. Les gens préfèrent ne pas en parler. Ils savent aussi que notre société est conditionnée par l’actualité. Demain ou après-demain, il y aura un autre sujet, la finale de la Ligue des champions qui approche. Puis, ils partiront en vacances et une autre saison démarrera. On fait le dos rond, personne ne s’exprime, puis on passera à autre chose".

"Les nombreuses réactions, sur les réseaux sociaux, qui prennent la défense de Gueye, c’est extrêmement décevant, mais pas surprenant. Tant qu’on ne mènera pas d’actions concrètes, qu’on ne fera pas de vastes programmes de formation auprès des joueurs pro, des encadrants, des jeunes des centres de formation, on peut faire chaque année la même journée avec les maillots floqués arc-en-ciel, ça ne va pas faire avancer les choses plus que ça".

"Quand je rencontre de jeunes footballeurs, j’entends encore des discours très, très homophobes. Parfois, il y a quelques lumières et cela fait extrêmement plaisir. Mais, j’ai sillonné toute la France et j’ai entendu les mêmes discours : deux hommes ensemble, c’est dégueulasse, les gays, je les aime pas, alors que le gamin ne connaît aucun homo. C’est effrayant. Je suis sûr que beaucoup ne savent pas ce que le drapeau LGBT représente".

"La question de l’homophobie n’est pas propre au foot, mais avec sa force de frappe de sport n°1 en France, on pourrait considérer le football comme un outil fantastique d’éducation. Les joueurs sont suivis par des millions et des millions de jeunes. S’ils affichent de belles valeurs, en phase avec ce que sont censés représenter le sport et la France, ça pourrait avoir un rayonnement fantastique. Si aujourd’hui Mbappé se colore les cheveux en rose, demain je vais marcher dans Paris et voir plein de jeunes avec les cheveux roses".

"Avec mon livre, j’espère que j’ai pu faire évoluer quelques cerveaux. Le documentaire en tournage depuis septembre 2021 va être absolument vital. Je ne pourrai pas aller dans tous les clubs de France. J’espère que le documentaire sera mis à disposition de tous les jeunes de France, de tous les parents. Ce sera un outil pédagogique très, très fort".

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